Une proposition visant à légaliser le commerce de l'ivoire afin de lutter contre la hausse du braconnage d'éléphants en Afrique devrait dominer les débats dans une conférence de l'ONU sur la conservation de la faune qui se déroule cette semaine à Genève, en Suisse.

La proposition est mise de l'avant dans un rapport commandé par les 175 pays signataires de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES, selon le sigle anglophone). L'idée serait de mettre sur pied un système centralisé pour gérer le commerce d'ivoire provenant d'éléphants morts naturellement, considérés comme une menace ou abattus pour des raisons écologiques.

C'est la première fois qu'une telle proposition est mise de l'avant depuis l'entrée en vigueur de l'interdiction mondiale du commerce de l'ivoire, en 1989. L'interdiction a mis un terme au braconnage généralisé, mais le problème prend de l'ampleur depuis 2004 avec la hausse de la demande en Asie, où l'ivoire sert à fabriquer de multiples objets, des baguettes aux bijoux, en passant par les statues.

«Compte tenu de la hausse actuelle de l'abattage illégal d'éléphant en Afrique de l'Ouest, centrale et de l'Est, il est clair que les mesures actuelles ne permettent pas de contenir l'augmentation du commerce illégal d'ivoire», estime le rapport.

La proposition, qui devra être approuvée lors de la réunion des pays signataires de la CITES l'an prochain en Thaïlande, devrait provoquer un débat houleux, en particulier chez les pays africains qui participent à la conférence cette semaine à Genève.

Les pays d'Afrique australe, où vivent la plupart des éléphants, soutiennent une forme de commerce légal de l'ivoire qui leur permettrait d'appuyer financièrement leurs efforts de conservation. Les pays d'Afrique de l'Est et centrale se sont opposés à tout commerce légal de l'ivoire dans le passé, craignant que cela nuise à leurs mesures de conservation et alimente le commerce illégal.

Les défenseurs de l'environnement sont eux aussi opposés à la proposition. Ils estiment que le raisonnement qui la sous-tend, à savoir que le commerce légal permettrait de réduire les prix et donc la demande, n'a jamais été prouvé.

Selon un rapport publié le mois dernier par la CITES, le braconnage d'éléphants et les saisies d'ivoire ont atteint des sommets en 2009, 2010 et 2011. Seulement en 2011, il y a eu 14 saisies d'ivoire à grande échelle.

La plupart des cargaisons transportant de l'ivoire illégal quittent le continent africain par les ports de l'océan Indien, notamment au Kenya et en Tanzanie. L'ivoire est ensuite exporté en Asie, principalement en Chine et en Thaïlande. Des saisies ont aussi eu lieu au Vietnam, en Malaisie et aux Philippines au cours des dernières années.