L'Afrique du Sud a souhaité mercredi un joyeux 94e anniversaire à son héros Nelson Mandela, chacun étant invité à multiplier les bonnes actions en hommage à l'altruisme du premier président noir du pays.

Les festivités ont commencé dans toutes les écoles d'Afrique du Sud, où plus de 12 millions d'enfants ont chanté à 8 h (2 h, heure de Montréal) « Joyeux anniversaire », doublé par un « We love you Tata » (« nous t'aimons papa »).

La Fondation Mandela, le ministère de l'Éducation et plusieurs médias avaient invité tous les Sud-Africains à faire de même, l'idée étant de battre le record du plus grand choeur du monde, avec 20 millions de chanteurs.

À l'initiative de la Fondation, le 18 juillet est devenu le « Mandela Day » (Journée Mandela), une journée reconnue depuis trois ans par l'ONU comme un appel mondial à consacrer 67 minutes de son temps à aider ses semblables, conformément aux valeurs défendues par l'icône de la lutte contre l'apartheid.

Ces 67 minutes passées à repeindre une école, nettoyer un parc ou aider les pensionnaires d'un hospice représentent les années qu'il a consacrées à son combat politique.

L'Université du Witwatersrand (Wits) de Johannesburg, où Mandela a fait son droit, a surenchéri en appelant ses étudiants à se mobiliser pendant 94 minutes.

Donnant l'exemple, la chef de l'opposition Helen Zille a suivi une patrouille de nuit dans un quartier terrorisé par des gangs au Cap, tandis que Bonang Ngwenya, numéro 2 de la police, devait remettre des fauteuils roulants à des enfants handicapés.

Dans une école de Soweto où l'AFP s'est rendue, le directeur Paul Ramela a lancé aux élèves : « C'est un jour très important pour nous tous. (...) Nous sommes ici pour célébrer l'anniversaire d'une personne très importante, une personne qui nous a libérés de l'apartheid ».

Les messages de voeux se sont multipliés, d'Afrique du Sud et de l'étranger, et en France, une banderole devait être déployée par des enfants au départ de l'étape du jour du Tour de France, à Pau (sud-ouest).

Le président américain Barack Obama et son épouse Michelle ont salué la « volonté de fer », l'« intégrité sans faille » et l'« humilité » de celui que tous les Sud-Africains appellent affectueusement « Madiba », de son nom de clan.

« Nelson Mandela a donné 67 années de sa vie pour apporter le changement aux Sud-Africains. Notre cadeau peut - et doit - être de changer notre monde, pour le rendre meilleur », a relevé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Tandis que l'Afrique du Sud célébrait celui qui lui a évité une guerre civile et incarne le rêve d'un pays multiracial, des éditorialistes et vétérans de la lutte anti-apartheid observaient que l'action actuelle de l'ANC, le parti de Mandela, s'écartait de ses idéaux.

Lors d'un colloque en l'honneur de Mandela, Frank Chikane, 61 ans, un vétéran du combat pour la conscience noire, a rendu hommage au grand homme, mais critiqué le parti au pouvoir depuis 1994.

« C'était un style de leadership qui n'était pas à vendre. Les gens étaient prêts à mourir. Il n'y avait pas de marchés publics, pas de maison, pas de belles voitures. Mais aujourd'hui, jeunes ou vieux, les cadres (de l'ANC) se battent pour le pouvoir et le contrôle des appels d'offres », a-t-il jugé.

D'autres esprits critiques s'étonnaient dans les nombreuses émissions de libre antenne à la radio de devoir repeindre des écoles alors qu'ils paient des impôts pour ça.

Nelson Mandela lui-même devait fêter son anniversaire en famille dans sa résidence de Qunu (sud-est), le village de son enfance où il réside la plupart du temps. Aucune apparition publique n'était prévue en raison de sa santé fragile.

Il devait avoir des tripes - un de ses plats favoris - au menu de son déjeuner d'anniversaire, selon sa petite-fille Ndileka.

Alors que les photos de lui se sont raréfiées, son portrait faisait la Une mercredi de tous les journaux sud-africains, pris la veille lors de la visite de l'ancien président américain Bill Clinton : l'icône de la lutte anti-apartheid avait l'air en bonne forme.