Des bergers musulmans ont tué dimanche un sénateur fédéral et un député de l'État du Plateau, près de Jos, dans le centre du Nigeria, alors qu'ils participaient aux funérailles des victimes d'une attaque la veille qui avait fait 23 morts, a indiqué un responsable.

«Le sénateur représentant du Nord de l'État du Plateau, Gyang Dantong, et le chef de la majorité à l'Assemblée de l'État, Gyang Fulani, ont été tués par balle aujourd'hui (dimanche) par des bergers fulani» (peuls), a déclaré Pam Ayuba, porte-parole du gouverneur de l'État.

M. Ayuba a ajouté que les deux hommes avaient été abattus pendant la cérémonie d'enterrement des victimes d'une attaque menée samedi, également attribuée à des bergers fulani, traditionnellement éleveurs et musulmans, contre deux villages chrétiens près de Jos, la capitale de l'État.

Un autre député «a échappé à la mort d'un cheveu», a-t-il déclaré.

Les funérailles se déroulaient dans le district de Gashi, à environ 90 km de Jos, a expliqué M. Ayuba.

Interrogé sur les raisons de ces attaques, M. Ayuba, a avancé que les Fulani étaient sans doute poussés par leur ressentiment contre la direction politique à majorité chrétienne de l'État.

Les deux politiciens tués étaient membres de l'ethnie berom, majoritairement chrétienne, comme l'étaient les victimes du raid de samedi.

Un habitant de la région a indiqué à l'AFP que des jeunes chrétiens avaient commencé à élever des barrages sur les routes après avoir entendu parler des attaques.

«Des jeunes de la région (...) ont bloqué les deux principales routes, élevant des barricades et recherchant des musulmans en moto pour décharger leur colère sur eux», a rapporté Samuel Gambo.

Le gouverneur de l'État Jonah Jang a imposé un couvre-feu nocturne dans quatre zones, avec effet immédiat, en raison «des conditions actuelles de sécurité», selon un communiqué.

Le président du sénat nigérian, David Mark, troisième personnage de l'État, a qualifié l'attaque de dimanche d'«assassinat».

«En tant que nation, nous devons nous élever contre ceux qui voudraient nous faire revenir à l'état sauvage où la vie n'avait que peu ou pas du tout de valeur», indique un communiqué de son bureau.

Le porte-parole de la police de l'État, Abuh Emmanuel, a indiqué à l'AFP que les meurtres des deux politiques avaient eu lieu alors qu'une série d'attaques s'étaient déroulées dans plusieurs villages, causant une situation d'«anarchie» avec des incendies de maisons.

Interrogé sur les assaillants, le porte-parole a affirmé que c'étaient «sans doute des Fulani».

L'État du Plateau est situé dans le centre du Nigeria, zone frontalière entre le Nord, majoritairement musulman, et le Sud, principalement peuplé de chrétiens.

La région a connu ces dernières années des vagues de violences meurtrières entre les communautés chrétienne et musulmane, alimentées par des tensions religieuses et à propos de la terre. Les Fulani se plaignent d'être marginalisés par les Berom, un groupe ethnique composé d'agriculteurs chrétiens et qui domine l'État.

En mars 2010, des bergers fulani avaient attaqué cinq villages chrétiens berom, tuant plus de 500 personnes, selon des sources officielles.

En juin, des attentats menés par le groupe islamiste Boko Haram avaient visé trois églises dans l'État voisin de Kaduna et provoqué des représailles immédiates de jeunes chrétiens, avec un bilan officiel de 52 morts et 150 blessés.