L'archevêque sud-africain Desmond Tutu a prêché dimanche, à la veille du premier anniversaire de l'indépendance du pays, pour un Soudan du Sud en paix.

«Dieu veut faire du Soudan du Sud (un pays) prospère et en paix,» a déclaré Mgr Tutu, prix Nobel de la Paix, dans la capitale sud-soudanaise Juba, devant un parterre de militaires, ministres et leaders religieux.

«A cause de la guerre, ils disent que 40% de votre peuple, quatre personnes sur dix, dépend de la nourriture venant de l'extérieur,» a-t-il poursuivi. «Nous voulons revenir et (...) voir un Soudan du Sud qui produit sa propre nourriture, élimine pauvreté et ignorance».

L'archevêque anglican sud-africain préside le groupe de sages des Anciens («Elders»), collectif international d'anciens responsables politiques qui promeut la paix et les droits de l'Homme dans le monde.

Il était accompagné des ex-présidents finlandais et irlandais, Martti Ahtisaari et Mary Robinson et ils sont partis dimanche pour Addis Abeba, où ils devaient faire escale avant de rejoindre le Soudan.

Juba et Khartoum, que des décennies de guerre civile ont opposés dans le passé, sont engagées dans de laborieuses négociations pour résoudre les différends qui empoisonnent encore leurs relations un an après l'indépendance du Sud et qui ont conduit à de violents affrontements ces derniers mois.

Au coeur du contentieux notamment: la délimitation de la frontière commune et le partage de la manne pétrolière.

Le Soudan du Sud a hérité des trois-quarts des réserves de brut du Soudan d'avant partition mais reste tributaire du Nord pour l'exporter. Or, les deux voisins ne s'entendent pas sur les droits de passage. Khartoum avait fini par se payer en nature, ce qui a conduit Juba à stopper sa production en janvier.

«Votre pétrole de coule pas, et ce n'est pas Dieu qui a fermé les oléoducs, c'est la guerre», a encore lancé Mgr Tutu. «Arrêtez la guerre et le pétrole coulera.»

«Maintenons la paix, c'est ce qui nous manque,» a répondu le président sud-soudanais, Salva Kiir.

Le président sud-soudanais a assuré que son homologue soudanais, Omar el-Béchir, avait décliné son invitation aux célébrations du premier anniversaire du Soudan du Sud lundi.

«J'ai personnellement invité le président Béchir, et c'est lui qui a refusé (...) il a refusé de venir au Sud,» a affirmé M. Kiir.

«Je veux que le président Béchir et moi-même, en tant qu'amis (...), nous nous parlions, pour résoudre les problèmes», a-t-il ajouté.