Quatre civils ont été tués par des éléments armés en début de semaine dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire, où la violence s'accroît, alors que le gouvernement dit avoir déjoué une tentative de putsch de partisans de l'ex-président Laurent Gbagbo.    

Les dernières attaques, menées lundi et mardi, surviennent quelques jours après un assaut ayant fait au moins 18 morts, dont sept Casques bleus, dans cette région frontalière du Liberia. Elles illustrent une brusque montée de tension en Côte d'Ivoire, un an après la crise postélectorale (décembre 2010-avril 2011) qui a fait 3000 morts et abouti à la chute du régime Gbagbo.

Après les nouvelles violences menées au sud de la ville de Taï (sud-ouest) par des « assaillants non identifiés », « le bilan provisoire est de quatre morts et trois blessés parmi les civils », a déclaré mercredi à l'AFP Sylvie van den Wildenberg, porte-parole de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI).

Une source humanitaire sur place a évoqué des « échanges de tirs » dans la journée de mercredi entre militaires ivoiriens et bandes armées.

Des ministres ivoiriens et libériens et de responsables de l'ONUCI et de la Mission des Nations unies au Liberia (MINUL) se sont retrouvés mercredi après-midi à Abidjan.

Objectif : sécuriser cette zone en proie depuis un an à des attaques meurtrières, attribuées dans un rapport récent de l'ONG Human Rights Watch (HRW) à des forces pro-Gbagbo basées au Liberia et recourant à des enfants-soldats.

L'enjeu est d'arriver à « une paix durable et une sécurité pérenne de part et d'autre de nos frontières », a déclaré le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan. Le Liberia a fermé la frontière au lendemain de l'attaque, par mesure de sécurité.

Le chef de l'ONUCI, Bert Koenders, a appelé à « continuer d'investir dans la paix et dans la réconciliation », et évoqué « l'intensification des patrouilles » onusiennes, terrestres et aériennes, ces derniers jours de chaque côté de la frontière.

5000 déplacés

Un hommage solennel aux Casques bleus tués, tous des Nigériens, est prévu jeudi à Abidjan en présence du président ivoirien Alassane Ouattara. Dix civils et au moins un militaire ivoirien ont aussi été tués dans cette attaque le 8 juin contre des villages au sud de Taï.

Le gouvernement ivoirien a accusé des éléments « venus du Liberia » et émis l'hypothèse que des pro-Gbagbo soient derrière l'attaque la plus grave ayant visé l'ONUCI.

Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires (OCHA), les dernières violences, dans les villages de Tiero-Oula et Sieblo-Oula, ont porté à « environ 5000 » le nombre de déplacés, en majorité des femmes et des enfants.

En pleine tension dans l'Ouest, les autorités ivoiriennes ont par ailleurs affirmé avoir déjoué en mars un complot qui aurait visé à remplacer à Abidjan le gouvernement du président Ouattara par un Conseil militaire de transition.

Dans un entretien sur la télévision publique ivoirienne RTI mardi soir, le ministre de l'Intérieur Hamed Bakayoko a accusé des officiers pro-Gbagbo et des responsables politiques de l'ancien régime, en exil dans la région, d'être derrière cette tentative de putsch.

La RTI a diffusé une vidéo, qui aurait été tournée à Accra, au Ghana, montrant un groupe d'hommes en uniforme dont l'un prend la parole pour proclamer la dissolution des institutions et la création d'un « Conseil pour la souveraineté nationale ».

Cet homme, présenté comme le colonel Katé Gnatoa, a été arrêté, de même que plusieurs de ses compagnons, a souligné M. Bakayoko, qui a aussi mis en cause Moïse Lida Kouassi, ex-ministre de la Défense de M. Gbagbo, arrêté la semaine dernière au Togo et extradé. M. Kouassi a fait un mea-culpa dans une autre vidéo diffusée mardi.