Le jeune tribun Julius Malema a promis lundi qu'il dirigerait un jour le Congrès national africain (ANC), malgré sa récente expulsion pour indiscipline du parti au pouvoir en Afrique du Sud.

«Je vais diriger l'ANC. Je vais diriger cette ANC. Peu importe le temps que ça prendra», a déclaré Malema à des journalistes dans ses premières déclarations depuis son expulsion du parti le mois dernier. «Nous ne nous soumettons pas. Nous allons mener cette bataille politique», a-t-il ajouté.

Malgré son expulsion, la Ligue de jeunesse de l'ANC insiste sur le fait que Malema reste son chef, au grand dam de la direction du parti de Nelson Mandela qui dirige le pays depuis la fin du pouvoir de la minorité blanche il y a 18 ans.

«J'étais dans le Limpopo (la province du nord du pays dont il est originaire, NDLR) où je m'occupais de mon bétail quand la Ligue de jeunesse a dit que je devais rester président. Je n'avais d'autre choix que d'écouter», a affirmé Malema.

Invité du club de la presse sud-africaine, il a précisé qu'il s'exprimait en qualité «de personne privée», avant de diffuser un communiqué défiant l'interdiction qui lui est faite par l'ANC de s'exprimer au nom de l'organisation politique.

La bataille entre la direction de l'ANC et Malema est l'aspect le plus visible des luttes de pouvoir qui secouent l'ANC, à quelques mois de son congrès, prévu en décembre, au cours duquel le président Jacob Zuma entend se succéder à lui-même à la tête du mouvement, ce qui lui permettrait quasi automatiquement de garder la présidence du pays.

Malema a aidé Zuma à parvenir au pouvoir, jurant même qu'il était prêt à «tuer» pour lui. Mais sa rhétorique enflammée et fréquemment raciste appelant sans relâche à la nationalisation des mines et à la saisie des fermes exploitées par des agriculteurs blancs a fini par devenir gênante pour le pouvoir, de même que son appel à «un changement de régime» au Botswana voisin.

Le Ligue de jeunesse de l'ANC a en conséquence fait de plus en plus figure ces derniers mois de mouvement d'opposition à l'ANC, multipliant notamment les communiqués enflammés contre le camp Zuma.

Julius Malema, 31 ans, a dit qu'il ne voulait pas créer son propre parti pendant sa traversée du désert. «Je vais mourir dans l'ANC. C'est ma maison et personne ne va me chasser de ma maison», a-t-il souligné. Les analystes ne lui prédisent aucune chance hors de l'ANC.