La défense de l'ancien président du Liberia Charles Taylor, reconnu coupable de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis en Sierra Leone, estime que les 80 ans de prison recommandés par l'accusation sont injustifiés, a annoncé vendredi le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL).

«La sentence de 80 ans de prison défendue par l'accusation est manifestement disproportionnée et excessive, ce n'est pas justifié», ont écrit l'avocat Courtenay Griffiths et son équipe dans un document transmis au tribunal et rendu public.

«L'idée que sans M. Taylor la guerre en Sierra Leone n'aurait pas eu lieu de cette façon est une franche erreur ou une folle spéculation au mieux», ont-ils ajouté.

L'accusation avait recommandé le 3 mai une peine de 80 ans de prison à l'encontre de M. Taylor, estimant que son rôle dans les crimes commis en Sierra Leone était «essentiel».

Les avocats de M. Taylor ont appelé les juges à être attentifs «à la nature et à l'étendue de la participation de l'accusé dans les crimes et non simplement à la nature et à l'étendue des crimes commis».

L'ancien président du Liberia était devenu le 26 avril le premier ex-chef d'État condamné par la justice internationale depuis le tribunal militaire international de Nuremberg, qui jugea les principaux responsables nazis après la Seconde Guerre mondiale, en étant reconnu coupable de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis en Sierra Leone entre 1996 et 2002.

Charles Taylor, 64 ans, qui plaidait non coupable, purgera sa peine en Grande-Bretagne en vertu d'un accord avec le TSSL.

L'accusation et la défense doivent exprimer leur opinion sur la peine de M. Taylor lors d'une audience publique le 16 mai devant le TSSL et la décision sera prononcée le 30 mai.

Président du Liberia de 1997 à 2003, Charles Taylor a selon les juges «aidé et encouragé» une campagne de terreur visant à obtenir le contrôle de la Sierra Leone, dans le but d'exploiter ses diamants, au cours d'une guerre civile qui a fait 120 000 morts entre 1991 et 2001.

Le procès de M. Taylor, interpellé en 2006 au Nigeria, s'était ouvert le 4 juin 2007 et achevé le 11 mars 2011.