Les électeurs algériens se rendaient aux urnes jeudi pour élire leurs députés lors du premier scrutin organisé après le Printemps arabe, dans le cadre de réformes présidentielles qui n'ont pas suscité l'enthousiasme des électeurs, mais convaincu les islamistes qu'ils l'emporteront.

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, qui a appelé la population à se rendre massivement aux urnes, a voté dans la matinée dans les hauteurs d'Alger, accompagné par deux jeunes neveux et son frère Saïd.

La télévision d'État a montré les images d'une foule dense devant un bureau de vote à Tiaret (350 km au sud d'Alger) et celles de femmes venues voter très tôt à Illizi, à 1850 km au sud-est d'Alger.

Les bureaux de vote ont ouvert à 8 h locales (3 h, heure de Montréal) pour permettre à plus de 21,5 millions d'électeurs de désigner 462 députés au cours de ce scrutin à la proportionnelle à un tour.

À 10 h, le taux de participation était en baisse par rapport aux dernières législatives de 2007 (4,11 % contre 6,75 %), selon des chiffres communiqués par le ministre de l'Intérieur Daho Ould Kablia .

«Le taux le plus élevé a été enregistré dans les départements du sud du pays notamment à Tindouf (16 %). Nous avons constaté une affluence inhabituelle dans les bureaux de vote de la capitale» où l'abstention est généralement importante, a déclaré le ministre.

Le taux final sera annoncé dans la soirée, alors que celui de 2007 avait atteint 37 %.

Quarante-quatre partis -dont 21 nouveaux, sept formations islamistes et plusieurs listes d'indépendants- sont en lice.

Après avoir voté à Alger, le premier ministre Ahmed Ouyahia, cité par l'agence APS, a appelé les Algériens à s'exprimer «en force» lors du scrutin «pour répondre à ceux qui s'interrogent sur l'avenir de l'Algérie».

Le secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN- parti présidentiel), cité par l'APS, a qualifié cette journée de «fête de la démocratie» estimant que ce scrutin «renforcera ses institutions afin de participer à la prise de décision politique». Il venait de voter à Alger.

Les opérations de vote se déroulaient jusqu'en milieu de journée de «façon normale et pacifique», a déclaré jeudi à la presse le chef des observateurs de la mission européenne José Ignacio Salafranca après avoir visité un centre de vote à Alger.

«Un scrutin transparent»

La veille du scrutin, M. Bouteflika avait exhorté les Algériens, surtout les jeunes, à voter alors que la plupart d'entre eux se déclarent indifférents à la vie politique. Le président, âgé de 75 ans, leur a assuré que «sa génération avait fait son temps» en Algérie, qui fête cette année ses 50 ans d'indépendance.

Son insistance à inviter les Algériens à s'exprimer intervient dans la foulée d'un programme de réformes qu'il a lancé pour répondre aux émeutes et manifestations qui secouent le pays depuis des années avec un pic en janvier 2011 dans le sillage de la révolution de la Tunisie voisine.

Après la victoire remportée par des partis islamistes comme en Tunisie, les partis de cette mouvance en Algérie se disaient lundi certains de remporter ces législatives, «si elles sont honnêtes et non entachées de fraude».

La grande crainte exprimée notamment par les islamistes est un bourrage d'urnes, depuis l'adjonction cette année au fichier de presque 4 millions d'électeurs.

«Nous sommes certains de notre victoire que ce soit par KO ou par les points», a déclaré le chef de file du Mouvement de la société pour la paix (MSP) Bouguerra Soltani.

Le MSP est la principale formation de l'«Alliance Algérie verte» qui regroupe Ennahdha (Renaissance) et le Mouvement El Islah (Réforme).

«Je préconise que le classement se fera entre trois forces qui sont: nous (l'Algérie verte), le parti traditionnel (le Front de Libération nationale - FLN, parti présidentiel) et les indépendants», a ajouté M. Soltani.

Le FLN avait remporté dans l'assemblée sortante 136 sièges et les islamistes 59 sur 389 députés.

Voulant un scrutin transparent pour parer aux accusations de fraude récurrentes depuis l'ouverture du pays au multipartisme en 1989, les autorités ont invité 500 observateurs étrangers, dont 150 de l'UE. Les autres observateurs sont de la Ligue arabe, de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI), l'ONU et d'ONG américaines.