Les responsables civils et militaires interpellés en début de semaine et détenus par les militaires putschistes au Mali ont été libérés jeudi soir, ont annoncé à l'AFP le député et responsable politique Kassoum Tapo, qui figurait parmi eux, et l'entourage de l'ex-junte.

«Nous avons tous été libérés, ceux qui étaient à Kati», quartier général des putschistes près de Bamako, «comme ceux qui étaient ailleurs», a affirmé M. Tapo, sans plus de détails, alors que la veille, la gendarmerie avait fait état de 22 personnes interpellées au total (onze civils et onze militaires).

«Tout le monde a été libéré», a confirmé une source dans l'entourage de l'ancienne junte sous couvert d'anonymat, qui a précisé que deux des responsables demeuraient cependant «sous surveillance médicale à cause de petits problèmes de santé».

Selon elle, il s'agit de l'ex-ministre Soumaïla Cissé et du général Waly Sissoko, un chef militaire proche du président Amadou Toumani Touré (ATT) renversé par le coup d'État du 22 mars. Elle n'a pas fourni de précision.

Jointe par l'AFP, la famille de Soumaïla Cissé a indiqué qu'il était dans un hôpital de Bamako, avec «des militaires devant sa chambre». «Il est blessé, il n'est pas en état de marcher», a-t-on dit de même source.

Ces personnalités civiles et militaires avaient été interpellées entre lundi et mercredi parce qu'elles étaient visées par des enquêtes, selon les putschistes et la gendarmerie malienne.

Mercredi soir, le directeur général de la gendarmerie, le colonel Diamou Keïta, avait affirmé que les enquêtes avaient permis de découvrir des armes de guerre neuves aux domiciles de certains d'entre eux, sans citer de noms.

«Des investigations menées dans certains domiciles, il est apparu que des caisses d'armes neuves ont été découvertes», et ces armes «ne font pas partie de la dotation de l'armée régulière. (...) Nous faisons face à une nouvelle menace, cette infiltration aujourd'hui d'armes de guerre dans notre pays», avait-il affirmé, tout en assurant qu'il ne s'agissait pas d'une «chasse aux sorcières».

La plupart des personnes interpellées ont été ou sont considérées comme des proches d'ATT. Parmi elles figuraient l'ex-premier ministre d'ATT (de 2007 à 2011) Modibo Sidibé, ainsi que Tièman Coulibaly, chef de parti politique et responsable d'une organisation patronale.

Leur libération intervient quelques heures après l'adoption par l'Assemblée nationale d'une résolution dénonçant leur détention «arbitraire». Selon le texte adopté en séance plénière en présence de 121 des 147 élus du Parlement, deux députés, Kassoum Tapo et Ibrahim Dianessy, ont été arrêtés en violation de leur immunité parlementaire, M. Dianessy a été libéré avant M. Tapo.

Les députés fustigeaient une «situation de voie de fait et le climat de terreur qui s'en suit» qui, pour eux, pourraient «rompre la dynamique de dialogue et de paix enclenchée» depuis la signature, le 6 avril, d'un accord entre les putschistes et la médiation ouest-africaine conduite par le Burkina Faso.

Cet accord prévoit le retrait du pouvoir des militaires et la mise en place d'institutions de transition - dont un président et un premier ministre civils, chargés de former un gouvernement d'union nationale - jusqu'à l'organisation d'élections à une date non précisée.

L'ex-président de l'Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, 70 ans, a été investi chef de l'État par intérim le 12 avril. Il a désigné mardi l'astrophysicien de renommée mondiale Cheick Modibo Diarra, 60 ans, comme premier ministre.