Des membres d'une tribu libyenne ont fermé le principal point de passage à la frontière égyptienne, se plaignant d'une hausse du taux de criminalité et de trafic endémique de drogues et d'armes à travers la frontière, ont déclaré des résidants et des responsables.

Bien que la plupart des contrebandiers libyens soient membres de la même tribu des Wilad Ali qui a fortement profité du commerce au noir, des aînés de la tribu et des résidants touchés par l'absence de contrôle policier ont décidé que la seule solution était de gérer eux-mêmes le problème, a indiqué Bassit al-Harram, qui vit dans la ville libyenne frontalière de Misaid. Les membres de la tribu ont saisi le contrôle du point de passage de Salloum du côté libyen, délogeant vendredi soir les contrebandiers et les anciens rebelles, a-t-il dit.

Selon lui, les résidants ont décidé de fermer la frontière jusqu'à ce que le ministère de l'Intérieur apporte son aide.

Le porte-parole du ministère Abdel-Salal al-Tounis a déclaré samedi que le gouvernement envoyait des responsables en direction de la frontière pour résoudre l'impasse. Le gouvernement de transition a formé un certain nombre de gardes de sécurité pour protéger les frontières, et certains d'entre eux ont déjà été envoyés au travail au principal point de passage de la frontière ouest avec la Tunisie.

Des responsables égyptiens ont indiqué que les autorités libyennes ne leur avaient pas encore dévoilé la raison de la fermeture de la frontière, ni la date de sa réouverture.

La semaine dernière, les ministres des Affaires étrangères de la Tunisie, de l'Égypte et de la Libye se sont engagés à accroître les contrôles frontaliers et à coopérer davantage.

Des experts égyptiens en sécurité soutiennent que le nombre d'armes et de drogues transportées illégalement en Égypte en provenance de la Libye avait augmenté depuis la guerre civile libyenne de 2011. Israël a affirmé que certaines de ces armes s'étaient rendues jusque dans la Bande de Gaza sous contrôle du Hamas.

Le laxisme sécuritaire en Égypte après la chute du régime d'Hosni Moubarak, en février dernier, a encore ajouté à la détérioration des forces de sécurité le long de la frontière égypto-libyenne.

Selon les experts égyptiens en sécurité, des résidants du sud du pays, où des familles étendues accumulaient fréquemment d'importants stocks d'armes pour protéger leur propriété et régler des disputes, sont les principaux acheteurs du trafic. Samedi, des responsables de la police ont annoncé la découverte d'une cache contenant 52 fusils et 16 000 munitions dans la ville d'Assiut, au sud du pays. Ces responsables ont précisé que les armes provenaient de Libye et du voisin au sud de l'Égypte, le Soudan.

Au dire d'habitants des villes libyennes de Tobrouk et de Misaid, dans l'Ouest, la frontière était surveillée depuis un an par d'anciens rebelles, des responsables impliqués dans le trafic et des résidants locaux.