Un nouvel attentat a frappé dimanche une église catholique à Jos (centre du Nigeria), où un kamikaze a fait exploser son véhicule devant la porte du bâtiment, tuant sept personnes qui assistaient à la messe, selon une source officielle.

Le porte-parole du gouvernement de l'État du Plateau où est situé Jos, Pam Ayba, a déclaré qu'au total dix personnes ont été tuées dimanche à Jos. Il n'a pas mentionné le kamikaze dans le décompte.

«Ils étaient dix, dont sept paroissiens et trois autres qui ont été tués par des soldats», après l'attentat, a déclaré M. Ayba.

La voiture du kamikaze a heurté la porte de l'église catholique de St Finbar dans le quartier de Rayfiels pendant l'office du matin et le bâtiment de l'église a subi de nombreux dégâts, a-t-il précisé, ajoutant que le corps «mutilé» du kamikaze rendait impossible son identification.

«L'église a été endommagée, avec le toit qui est tombé et le reste (du bâtiment) est dévasté» a-t-il dit. Le kamikaze, a-t-il expliqué, a tenté de forcer de rentrer avec sa voiture dans l'église alors que les fidèles étaient en train de sortir du dernier office de la journée.

«Les gardes de sécurité, membres d'un service d'ordre surnommé la Boys Brigade ont tenté de l'en empêcher et c'est alors que la voiture a explosé», a-t-il expliqué.

Il a affirmé que des soldats présents dans le secteur avaient tiré. «Trois personnes ont été tuées par les soldats qui dispersaient la foule», a-t-il dit.

Tout en condamnant cette attaque, le président nigérian Goodluck Jonathan, a réaffirmé la volonté de son gouvernement «à mettre un terme à la série d'attaques et de meurtres cruels» dans certaines parties du pays, a annoncé son bureau dans un communiqué.

Le chef de l'État nigérian «a appelé la population à rester calme et à ne pas mener des actions en représailles, alors que le gouvernement poursuit sa lutte contre les marchands de terreur» en tentant de tracer leur localisation, leur financement et leurs commanditaires, selon ce communiqué.

L'attentat-suicide commis dimanche à Jos est le deuxième perpétré dans cette ville en deux semaines.

Le coordinateur de l'agence publique de secours d'urgence, NEMA, basé à Jos, Alhassan Danjuma Aliyu, a indiqué que la situation est tendue dans la ville.

«Il y a des rumeurs de représailles de la part de jeunes chrétiens, mais nous espérons que les agents de sécurité contrôlent la situation dans la mesure où ils ont bouclé la zone», a-t-il déclaré.

«Un spectacle horrible»

Selon Mark Lipdo, qui dirige la Stefanos Foundation, une organisation chrétienne basée à Jos, «c'était un spectacle horrible».

«Les corps des victimes étaient mutilés, mais cinq d'entre eux ont été identifiés par leurs proches (...) Trois femmes, dont une femme enceinte, figurent parmi les morts» a raconté Lipdo à l'AFP.

Jos et ses environs forment l'une des zones les plus instables du Nigeria. Des milliers de personnes ont été tuées ces dernières années dans des affrontements entre groupes ethniques chrétiens et musulmans.

Le 26 février, un kamikaze avait visé avec une voiture chargée d'explosifs une église chrétienne, tuant trois personnes en plein office. L'attentat avait été revendiqué par le groupe islamiste Boko Haram qui avait menacé de lancer de nouvelles attaques similaires. L'attaque de dimanche n'avait pas été revendiquée en fin d'après-midi.

Boko Haram a visé des chrétiens à plusieurs reprises. Le groupe a notamment revendiqué l'attentat qui a fait 44 morts le 25 décembre 2011 dans une église près d'Abuja. Il s'agissait de l'attentat le plus meurtrier de Boko Haram contre une église.

Les attentats se multiplient dans le centre du Nigeria, à la jonction entre le nord déshérité et majoritairement musulman, et le sud, où se trouve le pétrole, et qui est, lui, à dominante chrétienne.

Le groupe islamiste Boko Haram a revendiqué une série d'attaques meurtrières ces derniers mois, essentiellement dans le nord du Nigeria.

Les actes de violence imputés à Boko Haram ont fait près de 1.000 morts depuis 2009, dont plus de 300 cette année, selon des chiffres de l'AFP et de groupes de défense des droits de l'homme.