Des milliers de personnes ont assisté dans l'émotion et le recueillement dimanche à Brazzaville aux obsèques de 145 des 223 victimes des explosions d'un dépôt de munitions, une semaine exactement après le drame qui a fait aussi plus de 2.300 blessés et 14.000 sans-abri.

Le maître de la cérémonie, Médard Milandou, a précisé lors d'un discours que 223 corps ont été enregistrés dans les morgues de la ville, dont 159 ont été identifiés jusque-là. Un précédent bilan faisait état de près de 200 morts.

Les obsèques de 145 victimes identifiées se sont tenues dimanche, celles des 14 autres se dérouleront plus tard à la demande des familles.

Les 145 cercueils recouverts du drapeau congolais vert-jaune-rouge et d'une gerbe de fleurs aux mêmes couleurs sont arrivés en fin de matinée sur l'esplanade du Palais de congrès de la capitale du Congo, sur les remorques d'une dizaine de camions.

Quatre soldats, portant un béret noir et un cache-nez, se tenaient sur chacune des remorques.

Les proches des victimes, certains en pleurs, se sont rassemblés sous six tentes blanches, face aux officiels aux premiers rangs desquels le président congolais Denis Sassou Nguesso.

Certains parents tenaient des photos des défunts et des croix sur lesquelles étaient inscrites la date de naissance et celle du décès, le 4 mars 2012.

De l'autre côté du boulevard séparant l'esplanade du ministère des Affaires étrangères, plusieurs milliers de personnes, la plupart vêtues de noir et blanc, ont pris place derrière des barrières.

Après un culte oecuménique (catholique, protestant et de l'église africaine kibanguiste), le président Sassou Nguesso a déposé une gerbe de fleurs et présenté ses condoléances aux parents des victimes.

Le convoi funéraire de camions-remorques s'est ensuite dirigé vers le cimetière du centre-ville pour l'inhumation des victimes, suivi d'une trentaine de bus avec les familles, a constaté l'AFP.

Des caveaux ont été spécialement creusés ces derniers jours sur un terrain du cimetière jouxtant le site où reposent les 48 victimes congolaises de l'attentat contre un DC 10 de la compagnie aérienne française UTA le 19 septembre 1989.

Cette journée d'hommage marque la fin du deuil national décrété depuis mardi par les autorités.

La série d'explosions dans un dépôt de munitions d'une caserne d'un régiment de blindés qui a soufflé un quartier est de Brazzaville le 4 mars entre 08H00 et 10H45, a fait 223 morts, plus de 2.300 blessés et 14.000 sans-abri dont les habitations ont été détruites.

Il s'agit du plus meurtrier accident de ce type, dans des dépôts d'armes et de munitions, depuis 10 ans dans le monde.

Le bilan pourrait s'alourdir encore, d'autres corps se trouvant vraisemblablement à proximité immédiate du dépôt de munitions, dont le déminage n'a pas encore débuté et où la Croix-Rouge n'a pu se rendre jusque-là.

L'accident serait dû à un court-circuit qui aurait provoqué un incendie, selon le gouvernement qui a ouvert une enquête.

Les principaux hôpitaux de ville, sous-équipés et débordés par l'afflux de réfugiés après l'accident, ont bénéficié les jours suivants d'une aide importante de pays étrangers et d'ONG, principalement en personnel médical et en médicaments.

L'Observatoire congolais des droits de l'homme (OCDH) a critiqué la gestion de la crise par les autorités «à tous les niveaux», déplorant notamment l'insuffisance des mesures d'accompagnement des sinistrés dans les sites d'accueil, et demandé une «enquête internationale».

Les 14.000 sans-abri sont accueillis dans les jardins de deux églises, un marché couvert et des stades de la ville où ils vivent dans des conditions difficiles. Le gouvernement a sollicité l'appui du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés pour gérer les sites.