Le Kenya était à nouveau confronté dimanche à la menace terroriste, au lendemain d'un attentat à la grenade attribué aux islamistes somaliens, qui a fait 6 morts et plus de soixante blessés contre un terminal d'autobus de la capitale Nairobi.

Quatre grenades ont été jetées samedi soir à quelques mètres d'intervalle depuis une voiture qui passait à proximité de ce terminal particulièrement fréquenté, a précisé dimanche le ministre de l'Intérieur George Saitoti.

Les autobus stationnent par dizaines à cet endroit pour emmener les Kényans de Nairobi qui profitent du week-end pour retrouver leur famille en province.

Si l'attentat n'était toujours pas revendiqué dimanche en fin de matinée, les autorités kényanes l'attribuaient a priori aux milices somaliennes shebab.

Ces dernières ont menacé de représailles le Kenya depuis l'entrée de troupes de ce pays dans le sud de la Somalie à la mi-octobre pour repousser les insurgés islamistes qui y régnaient alors en maîtres.

«Nous soupçonnons qu'il s'agit de l'oeuvre des shebab, mais tout cela ressortira de l'enquête en cours», a déclaré à la presse M. Saitoti.

L'attentat a été commis «par des gens qui croient pouvoir étouffer notre volonté de combattre la terreur, c'est un moment difficile à passer, mais cela doit renforcer encore notre détermination», a assuré le vice-président Kalonzo Musyoka.

Deux personnes sont mortes sur place, une autre lors de son transfert à l'hôpital, puis trois autres victimes sont décédées des suites de leurs blessures dans la nuit à l'hôpital.

«Le bilan est maintenant de six morts, et 63 personnes sont soignées à l'hôpital national Kenyatta (de Nairobi), dont 11 grièvement blessées», a précisé M. Saitoti.

Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier à Nairobi depuis celui, a priori non lié aux islamistes, perpetré en juin 2010 lors d'une réunion publique contre l'adoption d'une nouvelle constitution (6 morts également). De toute autre ampleur avait été une attaque à la voiture piégée perpétrée par des militants islamistes contre l'ambassade des États-Unis le 7 août 1998 (213 morts et 5.000 blessés).

Avec ce nouvel attentat ressurgit en tout cas la crainte d'une campagne terroriste à Nairobi. Moins de deux semaines après l'entrée de plusieurs milliers de soldats kényans en Somalie, deux attentats à la grenade perpétrés en moins de 24 heures fin octobre 2011 avaient fait un mort et plus de trente blessés dans la capitale kényane, l'un visant un bar et l'autre, déjà, un terminal d'autobus.

Un jeune Kényan sympathisant des shebab avait alors été arrêté et condamné après avoir avoué avoir commis ces attaques. Mais aucun autre attentat n'avait suivi depuis à Nairobi, en dépit des appels des shebab somaliens exhortant leurs sympathisants à mener une «guerre sainte» sur le sol kényan.

Les seules attaques avaient eu lieu dans le nord-est du Kenya, une région quasi désertique et mal contrôlée, proche de la frontière avec la Somalie.

Sécurité renforcée dans les lieux publics

Le ministre kényan de l'Intérieur a assuré qu'à la suite de ce nouvel attentat, «la sécurité avait été renforcée dans les sites gouvernementaux et dans tous les endroits publics, les églises, les hôtels, les centres commerciaux et les terminaux de bus».

Mais si les mesures de sécurité ont en effet été radicalement renforcées ces derniers mois aux abords de certains hôtels de luxe, la présence policière a été à ce jour nettement moins présente dans les endroits plus populaires et très fréquentés, comme les terminaux d'autobus.

«J'étais venu prendre de l'essence, quand j'ai vu un homme qui courait et qui s'est effondré, mort. Quand je me suis approché, j'ai vu qu'il était plein de sang, il avait fui l'endroit de l'explosion», a rapporté à l'AFP Reuben Otela, un motocycliste témoin de l'attentat de samedi au terminal appelé Machakos country bus.

L'hôpital national Kenyatta a pu soigner les dizaines de victimes de l'attentat, car il n'est pas touché par un vaste mouvement de grève suivi depuis plus d'une semaine au Kenya par des milliers de soignants du service public, a précisé à l'AFP le porte-parole de cet établissement, Simon Ithai.