Les entrées sur Twitter et Facebook se sont multipliées à la vitesse d'un virus informatique cette semaine: «Qui est Joseph Kony?»

Le lien menait à une vidéo YouTube de 30 minutes expliquant le projet de l'organisation américaine Invisible Children: rendre le nom du chef de guerre et tortionnaire ougandais Joseph Kony, aussi connu sur la planète que celui de Lady Gaga ou de George Clooney.

La réaction a été foudroyante: mise en ligne mardi sur YouTube, la vidéo a été vue plus de 40 millions de fois.

L'objectif du groupe est simple: faire parler de Kony dans l'actualité et faire en sorte qu'il soit arrêté, puis traduit en justice devant la Cour pénale internationale, à La Haye, qui a lancé un mandat d'arrêt contre lui en 2005. Kony, l'homme «le plus recherché» par le tribunal, est accusé d'avoir enlevé des milliers d'enfants et d'avoir violé et tué des civils.

«Si nous réussissons, nous changeons le cours de l'histoire humaine, explique dans la vidéo Jason Russell, cofondateur d'Invisible Children, qui invite la population à faire des dons. Nous allons faire parler de Joseph Kony. Il va être aux nouvelles partout dans le monde.»

Critiques

Les efforts d'Invisible Children ont généralement été bien accueillis. Or, des critiques soulignent que les problèmes en Ouganda ne sont pas liés à un seul homme, et que l'armée nationale est elle aussi accusée de crimes. Qui plus est, lors d'une visite sur le terrain, les jeunes cofondateurs d'Invisible Children ont été photographiés avec, en main, des armes semi-automatiques appartenant à l'armée nationale, mettant ainsi leur impartialité - et la qualité de leur jugement - en doute.

Rosebell Kagumire, jeune journaliste ougandaise, a diffusé une réponse sur YouTube, hier. «Mon plus grand problème avec la vidéo est qu'elle simplifie l'histoire de millions de personnes dans le nord de l'Ouganda, et qu'elle répète le cliché voulant que les Africains sont au bord du désespoir et que seuls les étrangers peuvent les aider.»

Hier, les dirigeants d'Invisible Children ont rétorqué que la photo prise avec les armes était «ironique» et «une blague à envoyer à leurs amis», et qu'aucun don n'était transmis à l'armée.

«Concentrons-nous sur ce qui est important et sur ce qui fait l'unanimité, écrivent-ils. Joseph Kony doit être arrêté. Ce moment marquera le commencement d'une nouvelle ère: celle de la paix. Nous avons cet espoir.»