Un dépôt de munitions près de celui qui a explosé dimanche à Brazzaville pourrait être atteint par le feu des derniers foyers du premier dépôt, dont les explosions ont fait plus de 150 morts et plus d'un millier de blessés, alors que des secours internationaux sont attendus.

Les deux dépôts «souterrains» sont «à quelque 100 mètres l'un de l'autre», dans le régiment de blindés au quartier Mpila, dans l'est de la capitale, a déclaré lundi une source militaire à Brazzaville, sous couvert d'anonymat, interrogée par l'AFP depuis Kinshasa.

«Il y a un risque de propagation, parce que le feu (...) peut atteindre l'autre dépôt», a ajouté cette source, précisant que des «techniciens» se sont rendus lundi sur les lieux du sinistre.

«La priorité c'est vraiment d'éteindre» des petits foyers d'incendie qui couvent toujours au dépôt de munitions qui a explosé dimanche, a déclaré à l'AFP le ministre congolais de l'Intérieur Raymond Mboulou.

Un court-circuit serait à l'origine de l'incendie.

Dimanche, le président congolais Denis Sassou Nguesso a «insisté sur l'obligation de délocalisation» des casernes militaires à l'extérieur de la capitale.

Lundi, au moins six corps ont été retrouvés dans les décombres du quartier sinistré, par des militaires ou des habitants venus récupérer des biens dans leurs maisons détruites, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Une odeur de cadavres commençait à se faire sentir près du périmètre interdit.

«Nous sommes à plus de 150 personnes décédées, c'est provisoire (...). On compte plus d'un millier de blessés», a indiqué lundi matin le ministre de l'Intérieur.

Des dizaines d'enfants ont été séparés de leurs parents à la suite des explosions, selon la télévision nationale qui diffuse leurs photos.

«Comme un tsunami sans eau»

Dans les rues voisines du dépôt de munitions, des centaines d'habitations sont dévastées. «C'est comme un tsunami sans eau»,  a décrit le ministre Mboulou.

Toute la journée, des milliers de personnes ont fouillé les ruines pour tenter de retrouver quelques biens abandonnés la veille.

Parfois des petites explosions isolées se faisaient entendre, provoquant un début de panique.

Des obus éclatés jonchent le sol un peu partout, notamment des roquettes d'Orgues de Staline (lance-roquettes multiples montés sur camion).

La maison de Léger Mokeme, à 300 m du dépôt de munitions, est en ruines. «J'ai tout perdu, je ne sais pas où ma famille va dormir (...) Regardez, tout est gaspillé (détruit), il ne reste plus que des habits», explique-t-il désespéré.

Même chose pour Léger Moudeme dont la maison a été soufflée. Il surveille ce qu'il en reste, assurant que «pendant la nuit, des voleurs sont venus sur les parcelles avoisinantes».

Les autorités ont ouvert deux églises et un marché couvert pour accueillir les sans-abri. D'autres lieux devaient être aménagés.

Les hôpitaux de la ville, sous-équipés, travaillent dans des conditions difficiles après l'afflux de blessés, souvent entassés dans les couloirs et les chambres.

Dimanche, «on était débordés parce que le communiqué (des autorités) demandant aux médecins de se mobiliser a un peu tardé, mais là ça va mieux. On a renforcé les équipes et on reçoit de l'aide» de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) Congo et de Médecins sans frontières France», a déclaré à l'AFP une source au Centre hospitalier universitaire (CHU), sous couvert d'anonymat.

«Les blessures sont dues à des éclats d'obus ou à des maisons qui se sont effondrées», a précisé cette source.

La France, l'Union européenne et la République démocratique du Congo (RDC) voisine notamment, ont annoncé l'envoi d'équipes médicales, de matériel et de médicaments. Le Maroc doit ouvrir un hôpital de campagne.