Des membres d'ONG étrangers, parmi lesquels des Américains, actuellement jugés pour financements illégaux, ont quitté l'Égypte jeudi après la levée de l'interdiction de sortie du territoire qui leur était imposée par les autorités, ont indiqué des responsables de sécurité.

Ces 17 employés étrangers d'ONG de défense de la société civile, dont neuf Américains, ont quitté l'aéroport du Caire à bord d'un appareil privé arrivé de Chypre, selon des sources aéroportuaires.

L'agence officielle égyptienne Mena a indiqué pour sa part que 15 étrangers, dont 8 Américains, ont quitté l'Égypte à destination de l'aéroport chypriote de Larnaca, publiant une liste des noms et des nationalités des passagers.

Selon elle, les autres passagers sont un Norvégien, trois Serbes, deux Allemands et un Palestinien.

Les États-Unis ont fourni un avion pour «faciliter» le départ de ces membres d'ONG, a déclaré à des journalistes la porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland.

La porte-parole a également indiqué que leur départ «ne (réglait) pas le dossier judiciaire ni les questions plus larges concernant» le travail de ces organisations en Égypte.

«Nous allons continuer à travailler avec le gouvernement égyptien sur ces questions», a-t-elle assuré.

Quarante-trois employés égyptiens et étrangers d'ONG présentes en Égypte sont accusés d'avoir reçu des financements étrangers illégaux et de s'être ingérés dans les affaires politiques du pays.

Leur procès, qui a provoqué de vives tensions avec les États-Unis et suscité des interrogations sur l'orientation de l'Égypte post-Moubarak, a commencé dimanche avant d'être renvoyé au 26 avril.

Outre les Américains et les Égyptiens, se trouvent parmi les prévenus des Serbes, des Norvégiens, des Allemands, des Palestiniens et des Jordaniens, selon la justice égyptienne.

Seule une minorité des 19 Américains inculpés est présente en Égypte, selon le responsable d'une ONG américaine, les autres ayant quitté le pays avant que l'interdiction de sortie du territoire ne soit prononcée. Celle-ci a été levée mercredi, selon des sources judiciaires.

Certains, comme Sam LaHood, responsable de la section Égypte de l'International Republican Institute (IRI) et fils du ministre américain des Transports Ray LaHood, se sont réfugiés à l'ambassade des États-Unis.

Mardi, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a assuré que l'Égypte et les États-Unis «approchaient d'une solution» dans la crise déclenchée par ce procès, assurant espérer «très vite» une résolution de l'affaire.

«Nous menons des discussions très intenses avec le gouvernement égyptien pour trouver une solution» à ce dossier, a ajouté la chef de la diplomatie américaine lors d'une audition devant le Congrès américain.

Ses propos étaient intervenus quelques heures avant l'annonce de la décision des juges de se retirer du procès, pour des raisons non précisées.

L'avocat égyptien Hafez Abou Saada avait estimé mardi que leur désistement s'expliquait par un conflit d'intérêts ou par des pressions.

Fin décembre, les locaux des 17 ONG spécialisées dans le soutien à la société civile ont été perquisitionnés. Les organisations, dont certaines ont formé des candidats à faire campagne et d'autres, des observateurs pour les scrutins, ont été accusées d'ingérence «politique».

Des élus américains ont averti que ce procès risquait d'avoir des conséquences irrémédiables sur les relations entre l'Égypte et les États-Unis, principaux bailleurs de fonds des autorités égyptiennes, avec une aide militaire annuelle d'1,3 milliard de dollars.

En dépit de l'amorce d'une solution politique à cette affaire, la ministre égyptienne de la Coopération internationale a affirmé jeudi que le procès des ONG allait se poursuivre.

Fayza Aboul Naga, considérée comme l'instigatrice de l'enquête sur ces ONG, a déclaré que le procès allait se poursuivre et que la justice allait désigner de nouveaux juges.