Des heurts ont brièvement éclaté en Afrique du Sud dans la nuit de mercredi à jeudi après la décision du parti au pouvoir, l'ANC, d'exclure le turbulent président de son mouvement de jeunesse Julius Malema, mais le calme était revenu dans la matinée, selon la police.    

«Tout est calme ce matin», a indiqué un porte-parole de la police, Hangwani Mulaudzi, sans être en mesure de confirmer s'il y avait eu ou non des blessés dans ces échauffourées à Seshego dans le Limpopo, la province natale de Malema.

Le tribun de 30 ans, volontiers provocateur, y avait réuni ses partisans au domicile de sa grand-mère pour attendre la décision de la commission disciplinaire du Congrès national africain (ANC).

Des coups de feu ont été tirés lorsque de jeunes manifestants anti-Malema ont débarqué pour narguer les partisans de Malema avec une pierre tombale en carton portant l'inscription «RIP Julius» (Ci-gît Julius, NDLR) et «dictateur corrompu», selon l'agence de presse sud-africaine Sapa.

Les partisans de Malema ont bloqué la rue, une fusillade a éclaté entre les deux camps et des pierres ont été lancées contre un bus de la police arrivé sur les lieux pour séparer les protagonistes.

Malema est accusé d'atteintes répétées à l'image et à l'unité de l'ANC.

Après avoir écopé d'une suspension pour cinq ans, il a finalement été exclu du parti qui lui reproche «des infractions passées et présentes» ainsi que «son manque évident de remords et de respect pour l'ANC».

Julius Malema a assuré que cette sanction ne le ferait pas taire. Il a deux semaines pour faire appel.

«Nous devons accepter que c'est la décision (de l'ANC) mais ce n'est pas la fin de la route», a déclaré celui qui est aujourd'hui le plus farouche adversaire du président Jacob Zuma, après l'avoir soutenu en 2007.

Qu'il s'agisse des inégalités économiques, de la pauvreté persistante d'une majorité de Noirs, de la question raciale toujours à fleur de peau, ou de la non moins sensible question de la propriété par les Blancs de domaines agricoles et miniers, tout est bon pour lui pour faire de la surenchère.

Ses méthodes provocatrices lui assurent une intense couverture médiatique et placent en porte à faux l'ANC, qui peine après 18 ans de pouvoir à gérer le désenchantement des nombreux laissés-pour-compte de l'Afrique du Sud.

«La route devant nous sera très longue», a-t-il dit, ajoutant: «Je mourrai pour mes convictions», dans un discours cité par la radio-télévision publique SABC.