Les électeurs ont hué le président sortant du Sénégal alors qu'il déposait son bulletin de vote lors de l'élection de dimanche, le plus récent signe que sa décision de tenter d'obtenir un troisième mandat a fait plonger son indice de popularité et a divisé un pays longtemps considéré comme un modèle de tolérance.

La révolte grondante a menacé la réputation de cette république habituellement stable de la côte ouest africaine, qui a été vue comme l'une des démocraties les plus solides du continent.

En choisissant de se présenter à nouveau, le président Abdoulaye Wade, âgé de 85 ans, vient contredire la limite du nombre de mandats qu'il a lui-même enchâssée dans la Constitution. Il affirme que ces restrictions ne devraient pas s'appliquer à lui, puisqu'il a été élu avant qu'elles n'entrent en vigueur, et des émeutes meurtrières ont ébranlé la capitale quand la plus haute cour du pays lui a donné raison le mois dernier.

Il a prédit qu'il l'emporterait avec une écrasante majorité, mais les événements survenus dimanche dans le bureau de vote où il a déposé son bulletin depuis des décennies a même choqué des observateurs de longue date du pays, où le respect des aînés est profondément incrusté dans la société.

Les manifestations ayant débuté le mois passé à la suite du jugement de la cour sont inhabituelles au Sénégal, et six personnes ont été tuées lors des violences. L'opposition du pays a promis de rendre le pays ingouvernable si jamais le président Wade l'emportait.

Le vote a débuté dans l'ordre dans la capitale, Dakar, et le taux de participation semblait élevé, a expliqué Thijs Berman, le chef de la mission d'observation de l'Union européenne. La principale exception est la province troublée de Casamance, où une rébellion latente a couvé pendant des années, et où des rebelles ont attaqué deux véhicules transportant du matériel servant au scrutin, selon le porte-parole militaire régional Saliou Ngom.

Le président Wade a pourtant déjà été salué comme l'espoir de l'Afrique. Il a passé 25 ans comme chef de l'opposition de ce pays de plus de 12 millions d'habitants, combattant les excès de l'ancien régime socialiste qui a dirigé le pays de 1960 à 2000, année de sa première élection.