La ville libyenne de Bani Walid, un ancien bastion de Mouammar Kadhafi où des affrontements ont fait cinq morts il y a deux jours, est sous le contrôle du gouvernement, a affirmé mercredi le ministre de la Défense Oussama Jouili, en visite dans la ville.

Le ministre libyen de la Défense Oussama Jouili s'est rendu mercredi à Bani Walid. «La ville est sous le contrôle du gouvernement libyen», a déclaré M. Jouili à des journalistes.

«Le problème qui a commencé a été résolu», a-t-il ajouté, en allusion aux violences de lundi. «Il s'agissait d'un problème interne. Les combats n'ont pas eu lieu entre des thowars (révolutionnaires en arabe) et des partisans de Kadhafi, mais entre deux groupes de jeunes gens. L'un d'eux était la brigade du 28-Mai», a-t-il ajouté.

La situation était normale dans la ville et les résidents vaquaient à leurs occupations, selon un journaliste de l'AFP sur place.

«Le ministre de la Défense est à l'intérieur, il négocie et nous allons trouver une solution au problème. Sinon nous sommes prêts à nous battre», a affirmé à l'AFP Abdallah al-Mahdi, un membre de la puissante brigade de Zenten.

M. Mahdi s'est posé à bord d'un hélicoptère sur la route, à une soixantaine de km de Bani Walid, pour emmener des blessés.

Les violences de lundi ont été attribuées par des responsables locaux à des fidèles de l'ancien régime, ce que le ministre de l'Intérieur Faouzi Abdelali a d'abord démenti avant de reconnaître que les autorités n'étaient pas sûres de ce qui s'était passé.

«Je pense que la ville est contrôlée par les partisans de Kadhafi», a affirmé Abdallah al-Mahdi.

«La situation est calme aujourd'hui, mais on dirait que c'est le calme avant la tempête», a dit de son côté à l'AFP Abdelhamid Rahim, un habitant de Bani Walid qui se rendait à Tripoli pour le travail.

«Beaucoup de partisans de Kadhafi ont mis en place des barrages dans la ville, ils dirigent la circulation», a-t-il ajouté.

Mais aucune trace des partisans de l'ancien régime n'était visible à Bani Walid, selon le journaliste de l'AFP.

«Nous sommes avec le nouveau gouvernement, nous sommes avec la Libye libre», a affirmé Mohammed al-Mobha, un habitant de Bani Walid membre de la puissante tribu des Werfella.

«Mais il est vrai que beaucoup de gens ici n'aiment pas la brigade du 28-Mai parce qu'ils pensent que beaucoup de membres de la brigade sont recherchés (pour des crimes). Mais quel qu'ait été le problème, il est maintenant résolu», a-t-il affirmé.

La brigade du 28-Mai est la plus importante à Bani Walid et dépend du ministère de la Défense.

Moubarak al-Issa, un ex-rebelle de Bani Walid, a affirmé que la brigade «a enlevé il y a quelques jours un membre d'une tribu locale» et que les violences ont éclaté lorsqu'elle a refusé de rendre l'homme à ses proches, tirant même sur eux quand ils sont venus le réclamer.

«C'est comme ça que le problème a commencé. Maintenant la situation est revenue à la normale et le ministre de la Défense fait une tournée complète de la ville», a-t-il ajouté.

Mardi, les habitants vaquaient normalement à leurs occupations. Plusieurs d'entre eux faisaient notamment leurs courses dans un marché aux fruits et aux légumes.

Le journaliste de l'AFP a vu, à une soixantaine de km au nord de Bani Walid, une dizaine de véhicules équipés de canons antiaériens et remplis d'ex-rebelles qui se dirigeaient vers la ville. Interrogés sur la raison de leur mission, ils ont refusé de répondre.

Bani Walid a longtemps résisté avant de tomber aux mains de la rébellion, quelques jours seulement avant la mort de Mouammar Kadhafi et la «libération» de la Libye en octobre 2011.