Les forces progouvernementales somaliennes ont lancé une offensive d'ampleur vendredi pour conquérir les derniers bastions islamistes du nord de Mogadiscio, mais l'attaque contre un convoi de presse montre que la capitale somalienne est encore loin d'être sécurisée.

Les commandants de l'armée somalienne et de la force de l'Union africaine (Amisom) qui la soutient ont revendiqué avoir atteint leur objectif lors de cette offensive conjointe.

Le commandement des insurgés shebab a confirmé les combats, sans donner de détails.

«Les forces gouvernementales soutenues par des soldats de l'Amisom ont pris le contrôle de la petite partie du nord de Mogadiscio où demeuraient encore des éléments violents», a affirmé à la presse le chef de l'armée somalienne, Abdulahi Ali.

«Nos soldats se sont battus vaillamment et ils ont atteint leur objectif consistant à sécuriser la frontière nord de la ville», a indiqué pour sa part l'Amisom, revendiquant contrôler désormais les secteurs de l'ancienne Université et du cimetière de Barakat.

Les forces progouvernementales étaient en effet déployées en milieu de journée dans une partie au moins de ces secteurs, a constaté un photographe de l'AFP, mais les islamistes étaient encore capables d'y mener des attaques.

Convoi de presse attaqué

Au moins quatre personnes, trois militaires et un fonctionnaire somaliens, ont ainsi été tués dans une embuscade contre un convoi amenant des journalistes sur un des sites réputés conquis, a rapporté ce photographe, qui participait à ce déplacement dans le quartier de Yaqshid, près de l'ancienne Université.

«Il y avait des combats intenses, et nous nous approchions de la ligne de front quand notre convoi est tombé dans une embuscade tendue par des combattants islamistes», a rapporté ce photographe, sous couvert d'anonymat pour des raisons de sécurité.

«Une grenade tirée d'un lance-roquettes a frappé un véhicule (du convoi) et plusieurs personnes ont été tuées», a ajouté le journaliste, indiquant avoir vu les corps sans vie de trois militaires et d'un fonctionnaire.

«Nous (les journalistes) avons pu sortir de notre véhicule et courir jusqu'à ce que nous arrivions à un endroit contrôlé par des forces du gouvernement et de l'Union africaine», a-t-il ajouté.

L'Amisom, qui a fait état de deux blessés dans ses rangs, a affirmé avoir pour la première fois conquis une position hors de Mogadiscio, même si ses soldats ougandais et burundais ont déjà effectué des percées au delà des limites de la capitale ces derniers mois.

Les shebab, liés à Al-Qaïda et qui combattent le fragile gouvernement de transition soutenu par la communauté internationale, ont été contraints en août dernier de se retirer de la quasi-totalité de leurs positions à Mogadiscio.

Ils multiplient depuis les actes de guerilla dans la capitale, dont ils contrôlent toujours les abords.

Les forces progouvernementales ont déployé d'importants moyens en hommes et en blindés dans leur offensive vendredi.

«Il y a eu des combats importants, nous avons vu des soldats de l'Amisom, avec des tanks et des soldats du gouvernement avancer sur (les quartiers de) Heliwa and Gupta. Les combattants shebab se sont défendus, mais ils ont été repoussés», a rapporté à l'AFP un témoin, Ahmed Samow.

«Les tirs d'artillerie de l'Amisom sont intenses et j'ai vu de nombreux soldats entrer en profondeur dans des lieux qui étaient encore sous contrôle des shebab», a ajouté un autre témoin, Samiro Abdulkadir.

Les islamistes shebab ont également vu ces derniers mois leur emprise sur le sud et le centre de la Somalie fragilisée par une offensive des soldats kényans depuis la mi-octobre, à laquelle s'est ajoutée une incursion de troupes éthiopiennes le mois suivant.

250 000 personnes demeurent menacées de famine en Somalie, en dépit d'une aide internationale conséquente, et 4 millions de personnes nécessitent une aide d'urgence selon l'ONU, dans ce pays de la Corne de l'Afrique livré depuis plus de vingt ans à la guerre civile.