Cinq Européens ont été tués et deux autres ont été enlevés dans une attaque contre un groupe de touristes dans le nord-est de l'Éthiopie, ont annoncé mercredi des responsables éthiopien et européens.

L'Éthiopie a accusé l'Érythrée voisine d'être derrière cette agression qui s'est produite dans la nuit de lundi à mardi, ce que l'Érythrée a formellement démenti.

Selon des informations recoupées auprès de capitales européennes, les victimes sont allemandes, hongroises et autrichienne.

«Au total, cinq personnes sont mortes, deux citoyens allemands, deux hongrois et un autrichien,» a déclaré Peter Szijjarti, porte-parole de l'Office du premier ministre hongrois Viktor Orban, se fondant sur des informations d'Interpol.

Le porte-parole du gouvernement éthiopien, Bereket Simon, avait affirmé qu'un Italien et un Belge figuraient parmi les personnes décédées, ce que Bruxelles a démenti.

La Belgique déplore toutefois un blessé, qui, avec un autre blessé britannique, a été transporté par hélicoptère dans une ville du Nord éthiopien. Selon un porte-parole du ministère belge des Affaires étrangères, Michel Malherbe, leur vie ne serait pas en danger.

Selon M. Bereket, quatre autres personnes -deux étrangers et deux Éthiopiens- ont été kidnappées lors de l'attaque. Selon le porte-parole hongrois, les deux étrangers seraient allemands.

Accusations réciproques

Le porte-parole éthiopien a imputé l'attaque à «des groupes terroristes entraînés et armés par le gouvernement érythréen». Selon lui, ils auraient «passé la frontière pour attaquer» les touristes, dans une volonté de marquer le coup avant un sommet de l'Union africaine (UA) en fin de semaine prochaine à Addis Abeba.

L'Éthiopie avait déjà accusé l'Érythrée d'avoir tenté d'orchestrer une attaque contre un sommet de l'UA en janvier 2011.

«L'Éthiopie se réserve le droit de prendre des mesures appropriées pour assurer la sécurité de ses frontières,» a poursuivi M. Bereket. «L'Éthiopie réclame que l'ONU et d'autres organismes internationaux prennent des mesures appropriées pour assurer la sécurité dans la Corne de l'Afrique,» a-t-il ajouté.

L'Érythrée a immédiatement rétorqué qu'elle «n'avait jamais soutenu et ne (soutiendrait) jamais ce genre d'événement». «C'est devenu une habitude pour le gouvernement éthiopien d'accuser l'Érythrée de tout ce qui se passe à l'intérieur de l'Éthiopie», a dénoncé le représentant d'Asmara auprès de l'Union africaine, Girma Asmerom.

L'Érythrée n'a obtenu son indépendance de l'Éthiopie qu'en 1993, après 30 ans de guerre.

Entre 1998 et 2000, un conflit armé entre Asmara et Addis Abeba avait encore fait au moins 70 000 morts. Il portait sur des questions frontalières toujours non résolues à ce jour, et les deux capitales continuent de s'accuser mutuellement de soutenir des groupes rebelles sur leur territoire respectif.

L'attaque de lundi a été perpétrée dans la région de l'Afar, impressionnante avec ses paysages désertiques et volcaniques et ses lacs de sel. Selon le porte-parole éthiopien, le groupe de touristes visitait d'ailleurs le site du volcan Erta Ale.

L'Afar, d'une superficie d'environ 160 000 km2 et qui s'étend de la mer Rouge aux pentes des Hauts-Plateaux éthiopiens, est cependant considérée comme peu sûre du fait de la présence de groupes armés et de nomades se livrant fréquemment à des actes de banditisme.

En 2004, un touriste français avait disparu sans laisser de traces dans la région. En mars 2007, cinq touristes européens, dont une Française, y avaient encore été enlevés, puis libérés, par un groupe de rebelles.