Les menaces et actions unilatérales du Soudan font monter la tension sur la question du pétrole, a estimé l'ambassade des États-Unis à Khartoum appelant à un accord avec le Soudan du Sud lors d'une rencontre mardi à Addis Abeba.

«Nous sommes très inquiets des récentes menaces publiques soudanaises et des actes unilatéraux qui entravent le flux pétrolier en provenance du Soudan du Sud, mettent en danger la viabilité du secteur pétrolier et font monter la tension», a indiqué l'ambassade dans un communiqué daté de samedi et reçu dimanche par l'AFP.

Dans ce texte, l'ambassade appelle le Soudan à «cesser de faire obstruction au pétrole venant du Soudan du Sud et à éviter les actions unilatérales qui vont compliquer les négociations».

Des négociations sur la question épineuse du pétrole entre Khartoum et Juba sont en cours sous l'égide de l'Union africaine à Addis Abeba. La prochaine rencontre est prévue mardi.

Des responsables soudanais ont indiqué que le Soudan prélèverait une part du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation en compensation de l'utilisation par Juba des infrastructures pétrolières de Khartoum.

Un projet que le Soudan du Sud a qualifié de «vol manifeste».

Le pétrole est vital pour les revenus des deux Etats, qui ne peuvent se permettre une interruption durable de leurs revenus et de nuire à leur réputation face aux compagnies pétrolières internationales, a estimé l'ambassade.

«Nous appelons les deux pays à conclure un accord sur des arrangements commerciaux pétroliers dans les discussions à venir», a-t-il ajouté.

Les revenus pétroliers représentent 98% du budget du Soudan du Sud, qui s'est séparé l'été dernier du Nord avec qui il était en guerre civile jusqu'en 2005, s'accaparant 75% de la production pétrolière soudanaise, qui était avant la sécession d'un total de 470.000 barils/jour.

Fin novembre, Khartoum avait annoncé son intention de prélever chaque mois un droit de passage en nature sur les exportations pétrolières sud-soudanaises, soit 23% du pétrole transitant par ses infrastructures.

Dimanche, lors d'une conférence de presse avant la réunion d'Adis Abeba, des négociateurs soudanais ont indiqué que Khartoum réclamait 7 milliards de dollars en compensation de leurs pertes alors que le Soudan du Sud n'a proposé que 5 milliards de dollars de compensation pétrolières et autres.

Le Sud «devrait payer un juste prix», basé sur la pratique internationale, pour l'utilisation des infrastructures pétrolières, a indiqué l'ambassade américaine.

Le président américain Barack Obama avait étendu en 2010 des sanctions économiques visant Khartoum pour son soutien présumé à des groupes islamistes et la situation au Darfour où des responsables soudanais ont été accusés de crimes de guerre.