Gouvernement et syndicats se préparaient au Nigeria à une rencontre cruciale samedi, s'ils veulent éviter que la grève générale ne gagne le secteur du pétrole dans le premier pays producteur de brut d'Afrique, au lendemain de nouvelles violences confessionnelles ayant fait quatre morts dans le nord-est.

Le gouvernement et les syndicats ont entamé samedi soir une rencontre cruciale à Abuja, capitale fédérale du Nigeria, afin d'éviter que la grève générale ne s'étende le secteur du pétrole dans le premier pays producteur de brut d'Afrique.

Auparavant les deux grandes centrales syndicales ont exigé des autorités un retour aux anciens prix de l'essence, avant l'annonce le 1er janvier d'une fin des subventions aux carburants, une mesure qui a fait doubler prix à la pompe et provoqué une grève nationale depuis lundi dernier.

La pression sur les négociateurs est énorme, car les syndicats des travailleurs du pétrole ont, eux, menacé d'arrêter dès dimanche la production d'hydrocarbures, qui représentent 90% des exportations du Nigeria.

«Le Trade Union Congress (TUC) insiste sur 65 nairas (0,40 $US) par litre», comme avant la fin des subventions aux carburants, a déclaré une source proche du TUC après une réunion des responsables de cette confédération syndicale à Abuja.

Les dirigeants de l'autre confédération syndicale, le Nigeria Labour Congress (NLC), ont adopté la même ligne.

Les discussions interviennent à la faveur d'une suspension de la grève et des manifestations qui se déroulent depuis lundi, une pause qui a permis aux Nigérians de sortir pour faire leurs courses.

À Lagos, une foule importante s'est pressée dans les allées défoncées du principal marché de la ville pour se ravitailler après cinq jours de grève générale, la plupart des gens étant en colère devant une flambée vertigineuse des prix.

Armée d'un gros sac en plastique, Funke Kayod, une mère de famille, s'arrête devant un étal d'ignames, interpelle le vendeur sur leur prix, puis fait mine de partir avant de revenir en acheter, mais une très petite quantité.

«Je dois en acheter. Nous devons manger», lance-t-elle furieuse, car, dit-elle, le prix de ces racines a plus que triplé en cinq jours.

«Je suis venue ici aujourd'hui, car j'ai faim (...) Mes enfants ont beaucoup souffert durant la grève générale», explique Abiola Ayansanya, une Nigériane de 58 ans, mère de trois enfants.

Cette Nigériane considère que le gouvernement doit faire marche arrière sur le prix du carburant qui se répercute inexorablement sur le prix de toutes les marchandises.

Le président Goodluck Jonathan avait décidé de plus subventionner les carburants afin de trouver des fonds pour moderniser les infrastructures du pays le plus peuplé d'Afrique.

Les menaces du secteur pétrolier

Si les pourparlers échouent, le secteur pétrolier a menacé de rejoindre dimanche la grève.

Un responsable syndical a dit ignorer si un compromis restait possible.

Les syndicats ont averti que la mobilisation repartirait de plus belle lundi en cas d'échec des négociations.

Une première rencontre gouvernement-syndicats s'était soldée jeudi par un échec.

Depuis le début de la semaine, des dizaines de milliers de Nigérians ont cessé le travail et manifesté.

Des heurts avec la police ont fait une quinzaine de morts et le mouvement social a aussi parfois donné lieu à de nouvelles violences entre chrétiens et musulmans, notamment des attaques de mosquées à Benin City (sud).

Le conflit interconfessionnel connaît un regain d'acuité depuis Noël et des attentats revendiqués par le groupe islamiste Boko Haram à la sortie de messes de la nativité, avec au moins 140 morts.

Quatre personnes ont été tuées vendredi soir dans des attaques distinctes de deux bars par des hommes armés. Un policier a aussi été blessé.

Les fusillades se sont produites dans l'État de Gombe et dans la ville de Yola, capitale de l'État d'Adamawa, touché par une série d'attaques, notamment de chrétiens, ces derniers jours, dont la plupart attribuées à Boko Haram. Les fondamentalistes sont aussi accusés d'attaquer régulièrement des lieux de consommation d'alcool.