Le président bissau-guinéen Malam Bacaï Sanha est mort lundi à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris, a-t-on indiqué de source gouvernementale française, sans préciser de quelle maladie il souffrait.

Ex-chef d'État intérimaire, il avait été élu président en juillet 2009, prenant la tête d'un pays politiquement très instable, instabilité renforcée par la poussée ces dernières années du narcotrafic: la Guinée-Bissau est devenue une zone de transit de drogue entre l'Amérique du Sud et l'Europe.

Depuis 17 ans, aucun des trois présidents élus dans cette ex-colonie portugaise pauvre n'a terminé son mandat de cinq ans, ceux ayant précédé M. Bacaï Sanha ayant été renversés par l'armée ou assassinés par des militaires.

Ancien président intérimaire de juin 1999 à mai 2000, Malam Bacaï Sanha avait été propulsé au pouvoir après la guerre civile déclenchée en 1998, qui avait abouti au départ du pouvoir du président Joao Bernardo Vieira, chassé par l'armée à la suite d'une mutinerie, assassiné depuis.

Il a été plusieurs fois ministre, de la province de l'Est (zones de Bafata et Gabu, nord), des Télécommunications, et de la Fonction publique, et a dirigé l'Assemblée nationale de 1994 à 1998.

En 2009, il s'était présenté pour la troisième fois à une élection présidentielle après 2000 et 2005, sous la bannière du PAIGC, le seul parti qu'il a connu, majoritaire à l'Assemblée nationale avec 67 députés sur 100.

Sa priorité a été la réforme du secteur de la défense et de la sécurité en vue de réduire les effectifs pléthoriques -au moins 12 000 hommes pour une population de 1,5 million d'habitants- d'une armée régulièrement impliquée dans des violences, les dernières datant du 26 décembre lors d'un coup d'État raté.

Compagnon d'Amilcar Cabral

Pendant cette tentative, le chef de l'État se trouvait déjà à l'hôpital militaire du Val de Grâce à Paris où il est mort et où il avait déjà effectué de nombreux séjours depuis son élection pour tenter de guérir d'une maladie inconnue. Il s'était également régulièrement fait soigner à Dakar.

Six mois après son élection de juillet 2009, à l'occasion d'une de ces hospitalisations à Paris, Malam Bacaï Sanha avait simplement déclaré: «On parle de «chute d'hémoglobine» dans le sang. (...) Il est vrai que je souffre aussi de diabète, mais ce n'est pas si grave qu'on veut le faire croire». Il avait aussi indiqué avoir été «longuement sous perfusion».

Ancien compagnon d'Amilcar Cabral, fondateur du PAIGC, figure des luttes de libération en Afrique et «père de l'indépendance» de la Guinée Bissau, M. Sanha était un beafada, une ethnie minoritaire représentant 7% de la population bissau-guinéenne.

Originaire de la région de Quinara (sud), cet ancien combattant a lutté contre le Portugal lors de la guerre de libération ayant mené son pays, ex-colonie portugaise, vers l'indépendance en 1974.

Aimant porter un bonnet en laine, pareil à celui d'Amilcar Cabral, Malam Bacaï Sanha s'habillait alternativement en costume occidental et en boubou traditionnel d'Afrique de l'Ouest.

Cet homme de grande taille, à la forte corpulence, diplômé en sciences politiques de l'Université de Berlin-Est, était musulman, marié, et père d'un enfant.