Huit personnes sont mortes et 44 ont été blessées dimanche matin au cours d'une tentative d'évasion de la prison centrale de Bukavu, dans l'est de la République démocratique du Congo, a-t-on appris de source policière.

«Un prévenu colonel a remis une grenade à un prévenu civil et lui a dit de la jeter devant le portail de la prison pour créer une panique générale et faciliter l'évasion», a déclaré à l'AFP le général Gaston Luzembo, commissaire provincial de la police du Sud-Kivu, dont Bukavu est la capitale.

«N'étant pas un militaire, le civil a dégoupillé la grenade, la gardée et elle a explosé entre ses mains. Il y a eu 8 morts: 4 civils et 4 militaires. Il y a aussi eu 44 blessés, dont 32 civils. Les autres sont des militaires», a ajouté ce responsable, qui s'est rendu sur le terrain.

Il a précisé que trois personnes s'étaient évadées samedi avec la «complicité» du directeur de la prison, depuis aux arrêts. Parmi les fuyards figurait le «kapita général», qui est le détenu responsable de représenter l'ensemble des prisonniers.

L'ancien «kapita général» était un capitaine des Forces armées (FARDC) et les détenus civils demandaient que ce soit l'un des leurs qui le remplace. Ce qui avait provoqué de vives discussions entre civils et militaires, détenus dans le même bâtiment.

«Le colonel a profité de cette situation instable» pour lancer la tentative d'évasion, a indiqué le général Gaston Luzembo.

En RDC, les évasions et les tentatives d'évasion sont très fréquentes.

Mi-décembre à Kinshasa, des détenus de la prison militaire avaient essayé de s'enfuir par le toit, mais les forces de l'ordre étaient intervenues, et plusieurs personnes avaient été tuées.

En septembre, un «commando» a attaqué une prison près de Lubumbashi, dans le sud-est du pays, et près de 1000 détenus s'étaient enfuis. Selon les autorités, l'opération visait à libérer le «Commandant Gédéon», le chef d'une milice d'autodéfense Maï-Maï notamment condamné à mort pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Les centres pénitentiaires, datant de l'époque coloniale belge, sont particulièrement vétustes et surpeuplés. Les prisonniers vivent dans des conditions d'hygiène désastreuses, exposés à de nombreuses maladies, à la déshydratation et à la malnutrition, voire à la famine.