Par Jon Gambrell,Lekan Oyekanmi THE ASSOCIATED PRESS

Par Jon Gambrell,Lekan Oyekanmi THE ASSOCIATED PRESS

MADALLA, Nigéria - Des femmes sont retournées à l'église catholique Sainte-Thérèse, lundi, et un homme pleurait à chaudes larmes devant ses ruines au moment où une association chrétienne du Nigeria a demandé des mesures de protection pour ses édifices religieux.

Trente-neuf personnes ont péri à l'église Sainte-Thérèse et des dizaines d'autres ont été blessées après qu'un groupe radical musulman eut mené des attaques simultanées dans le pays le plus populeux d'Afrique en l'intervalle de quelques heures, dimanche. Quatre autres personnes ont été blessées dans d'autres actes de violence, imputés au groupe Boko Haram.

De nombreux badauds se sont rassemblés parmi les voitures incendiées, dans le stationnement de l'église lundi, furieux face à ces attaques et craignant que le groupe ne s'en prenne à d'autres lieux de culte.

C'est la deuxième année consécutive que des extrémistes désireux d'instaurer la charia dans ce pays de 160 millions de citoyens mènent de telles attaques. L'an dernier, une série d'explosions avaient tué 32 personnes la veille de Noël.

Selon ce qu'a déclaré à l'Associated Press le révérend père Chrisopher Jataudarde, l'explosion de dimanche est survenue au moment où des dirigeants de l'église dirigeaient une célébration commémorant la naissance du Christ. Certains paroissiens avaient quitté l'église au moment de l'explosion, provoquant le lourd bilan. Dans le désordre qui a suivi, un homme qui a éventuellement succombé a supplié un prêtre d'expier ce crime.

Au moins 52 personnes ont été blessées dans l'explosion, a déclaré Slaku Luguard, coordinateur de l'Agence nationale des mesures d'urgence du Nigeria. Des victimes ont envahi les planchers de béton d'un hôpital gouvernemental situé non loin, certaines pleurant dans une mare de leur propre sang.

Le pape Benoit XVI a dénoncé l'attentat lors de sa bénédiction urbi et orbi, lundi, pressant les gens à prier pour les victimes et la communauté chrétienne du Nigeria.

«En ce moment, je veux répéter, une fois de plus, avec vigueur : la violence est une voie qui ne mène qu'à la douleur, la destruction et la mort. Le respect, la réconciliation et l'amour sont les seules routes menant vers la paix.»

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné les attaques «dans les termes les plus forts» et demandé que les auteurs, les organisateurs, les bailleurs de fonds et commanditaires «de ces actes répréhensibles» soient traduits en justice.

L'Union africaine a également dénoncé les attentats et promis d'appuyer le Nigeria dans son combat contre le terrorisme.

«Ces nouveaux actes de terreur et de cruauté de Boko Haram et son total mépris de la vie humaine ne peuvent être tolérées par quelque religion ou croyance que ce soit», selon une déclaration attribuée au président de l'Union africaine, Jean Ping.

Après les explosions, un porte-parole de Boko Haram, employant le pseudonyme Abul-Qaqa, a revendiqué la responsabilité des attentats lors d'une entrevue accordée au Daily Trust, le journal officiel de la population musulmane, établie au nord du Nigeria. Le groupe a utilisé ce média dans le passé pour communiquer avec la population.

«La paix ne se réalisera pas tant que l'on n'aura pas accepté nos demandes», cite le journal. «Nous demandons que tous nos frères incarcérés soient libérés; nous voulons l'instauration complète de la charia et nous exigeons que la démocratie et la constitution soient suspendues.»