Environ un tiers de la population du Soudan du Sud, indépendant depuis juillet, va être touché par une «tempête de la faim», a averti jeudi le Programme alimentaire mondial (Pam).

L'agence de l'ONU est en train d'augmenter ses opérations pour pouvoir venir en aide à 2,7 millions de personnes souffrant d'un manque de nourriture et affectées par les violences, a-t-elle indiqué dans un communiqué.

«Une tempête de la faim s'approche du Soudan du Sud», a déclaré le directeur du Pam dans ce pays, Chris Nikoi, cité dans le communiqué, soulignant que les prix de la nourriture avaient doublé ou triplé dans certaines régions.

«De mauvaises récoltes dues à des pluies irrégulières ont poussé les prix à des niveaux très élevés, une situation aggravée par des conflits, des perturbations dans le marché dues à la fermeture des frontières et un accroissement de la demande (...) de la part de personnes déplacées» notamment, ajoute le Pam.

Il a lancé un appel d'«urgence» pour réunir 92 millions de dollars afin de faire face à la crise au cours des quatre premiers mois de 2012.

Les agences de l'ONU ont prédit une pénurie de céréales et un manque d'environ 400 000 tonnes l'an prochain dans un pays qui a besoin de produire un million de tonnes de nourriture par an.

En octobre, le ministre du Commerce Garang Diing Akuong avait affirmé que le Soudan du Sud n'avait jamais pu s'auto-alimenter, la grande partie des aliments provenant du Nord (le Soudan), mais les frontières sont fermées depuis mai, après l'invasion par les troupes de Khartoum de la région soudanaise disputée d'Abyei frontalière.

«Les conflits et l'insécurité grandissante - en raison particulièrement de l'utilisation de mines - ainsi que la mauvaise infrastructure routière entravent l'accès humanitaire», souligne le Pam.

Des groupes rebelles soupçonnés de poser des mines sont de plus en plus actifs dans les régions pétrolières du Nord depuis le début de l'année, quand le Soudan du Sud a voté en faveur de l'indépendance lors d'un référendum.

La question du partage des revenus du pétrole est un enjeu essentiel entre le Soudan du Sud, indépendant depuis le 9 juillet et qui dispose de la majeure partie des réserves d'or noir, et le Soudan, où se trouvent les infrastructures de transport et la seule porte de sortie sur la mer, Port Soudan.

Le sujet est crucial: 98% des revenus du Soudan du Sud et 60% de ceux du Soudan sont liés au pétrole. Et la partition a fait perdre à Khartoum environ 36% de ses revenus pétroliers.

Juba et Khartoum s'accusent mutuellement de financer des rebelles alors que des milliers de personnes ont fui les violences dans les États soudanais frontaliers se réfugiant dans le Soudan du Sud, aggravant la pénurie alimentaire.