Au début de l'année, les extrémistes islamistes armés contrôlaient la majorité de Mogadiscio. Aujourd'hui, la capitale somalienne, largement détruite par la guerre, est jugée assez sûre pour accueillir le secrétaire général de l'ONU, la première visite du genre depuis 1993.

Lors d'une visite surprise vendredi à Mogadiscio, Ban Ki-moon a annoncé que les Nations unies rouvriraient leurs bureaux politiques dans la capitale somalienne.

Cette annonce confirme les progrès faits par les troupes de l'Union africaine dans leur combat contre les extrémistes d'Al-Shabab, mais souligne aussi la nécessité pour l'ONU de superviser plus étroitement le gouvernement somalien, financé par des donateurs étrangers.

M. Ban, qui portait un gilet pare-balles en sortant de l'avion, a affirmé que la Somalie ne se résumait pas à la famine et à la corruption.

«Je pense que nous sommes maintenant à un tournant important, à une période de nouvelles possibilités pour l'avenir du peuple somalien», a dit le secrétaire général lors d'une conférence de presse au palais présidentiel de Mogadiscio.

Le président somalien, Sharif Sheikh Ahmed, a affirmé qu'il s'agissait d'une visite historique qui prouve que des progrès ont été faits dans la capitale.

Ban Ki-moon a annoncé que le Bureau politique de l'ONU pour la Somalie déménagerait de Nairobi à Mogadiscio en janvier. Il a aussi salué la décision du Parlement kényan, qui a autorisé cette semaine l'envoi de soldats pour renforcer la force de l'Union africaine en Somalie, principalement composée de soldats ougandais et burundais.

M. Ban a déclaré aux dirigeants somaliens qu'ils devaient progresser plus vite dans le plan en quatre points visant à améliorer la sécurité, la gouvernance, la réconciliation et à rédiger une Constitution. La feuille de route doit être mise en application d'ici le mois d'août, faute de quoi le gouvernement somalien risque de perdre son financement international.

L'une des raisons du déménagement du Bureau politique de l'ONU à Mogadiscio est de permettre aux Nations unies de superviser plus étroitement le gouvernement somalien et de s'assurer qu'il fait des progrès vers l'atteinte des objectifs de la feuille de route, a expliqué un responsable de l'ONU sous le couvert de l'anonymat.

La dernière visite d'un secrétaire général de l'ONU à Mogadiscio remontait à 1993, au moment où Boutros Boutros-Ghali occupait ce poste.

La capitale somalienne a sombré dans le chaos en 1991, après le renversement du président. Les chefs de guerre se sont alors retournés les uns contre les autres, plongeant le pays dans un état d'anarchie quasi-permanent. Après l'intervention militaire américaine ratée de 1993, racontée dans le film «Black Hawk Down», la communauté internationale s'est largement retirée de Mogadiscio.

La visite de Ban Ki-moon indique que les Nations unies pensent que des progrès ont été faits, du moins dans la capitale. Jusqu'à ce que les soldats de l'Union africaine repoussent les militants d'Al-Shabab hors de Mogadiscio, le gouvernement somalien ne contrôlait qu'une petite partie de la ville.

Après sa visite dans la capitale somalienne, Ban Ki-moon s'est rendu à Dadaab, le plus grand camp de réfugiés du monde, situé au Kenya. Le camp de Dadaab accueille près de 500 000 réfugiés, majoritairement somaliens.