Hier, en République démocratique du Congo, on s'attendait à ce que la Commission électorale annonce la réélection de Joseph Kabila à la présidence du pays. Vote «de routine» pour le politicien au pouvoir depuis 2001? Pas du tout. Dans le pays le moins développé du monde, sa réélection ne passe pas comme une lettre à la poste, et son principal rival, Étienne Tshisekedi, promet de se venger. Que dit M. Kabila de tout ça? Absolument rien. Comme d'habitude.

Nom: Joseph Kabila

NÉ REBELLE

Âgé de 40 ans, Joseph Kabila est né dans un camp de rebelles à Hewa Bora, dans l'est du Congo. À l'époque, son père, Laurent-Désiré Kabila, était le principal opposant au dictateur Mobutu Sese Seko, qu'il a fini par renverser en 1997. Au pire de la lutte, le jeune Joseph a été envoyé dans la Tanzanie voisine, où il a vécu pendant plusieurs années. Il a fini par rejoindre les troupes de son père après avoir reçu une formation militaire en Chine.

ÉTRANGER

S'exprimant mieux en anglais et en swahili, les langues de la Tanzanie où il a grandi, plutôt qu'en français et en lingala, deux des langues les plus utilisées en RDC, Joseph Kabila est vu comme un étranger dans la partie occidentale du pays. Il n'a pas non plus la faveur populaire dans les bidonvilles de Kinshasa, où on l'estime déconnecté des réalités urbaines. La plupart de ses partisans sont dans l'est du pays.

FAITS D'ARMES... ET DE PAIX

C'est à la suite de l'assassinat de son père en 2001 que Joseph Kabila est devenu président par intérim. Son principal fait d'armes a été de signer l'accord de paix qui a mis fin à la guerre civile en 2002. En 2006, il a remporté la première élection libre du Congo en 40 ans.

PRÉSIDENT PEU LOQUACE

Joseph Kabila n'aime ni les discours, ni les médias, ni les bains de foule. En 10 ans au pouvoir, il a prononcé tout juste une poignée de discours et accordé les entrevues au compte-gouttes. Il gère le pays - l'un des plus pauvres et des plus complexes du monde - de son bureau de Kinshasa, avec un groupe restreint de collaborateurs. Le week-end, il se retire et s'adonne à son passe-temps: la motocyclette.

VIOLATIONS

La semaine dernière, Human Rights Watch a attribué à la Garde républicaine, contrôlée par M. Kabila, une série d'assassinats politiques. Au moins 18 personnes ont été tuées dans la foulée du scrutin du 28 novembre. Les observateurs des élections des Nations unies ont aussi dénombré de multiples violations électorales incluant l'intimidation d'électeurs, la disparition de boîtes de scrutin dans des quartiers peu favorables à Kabila et l'incendie de bureaux de vote. Plusieurs craignent que le pire soit à venir.