Des propriétaires de commerces entreposaient leurs stocks dans des lieux sûrs dimanche et des familles patientaient pour quitter Kinshasa, la capitale du Congo, à bord de bateaux, au moment où les résultats partiels du récent scrutin présidentiel donnaient une avance quasi insurmontable au président sortant.

La tension se faisait sentir à Kinshasa alors que les citoyens attendaient la divulgation des résultats, ce mardi, de la présidentielle contestée, un vote qui devait marquer une nouvelle étape vers la paix mais qui a plutôt été un catalyseur de violences.

Avec près de la moitié des bulletins de vote dépouillés, le président sortant Joseph Kabila menait la course avec 4,9 millions de votes, ou près de 49 pour cent. Son principal rival, Etienne Tshisekedi, qui s'était auto-proclamé président avant l'ouverture des bureaux de scrutin, en recueillait quant à lui 3,4 millions, ou 34 pour cent.

L'opposition a clamé que des irrégularités avaient entaché le processus électoral, et au cours du week-end, les dix partis tentant de ravir le pouvoir à M. Kabila ont déclaré rejeter les résultats partiels.

L'Église catholique romaine, qui détient un fort ascendant auprès de la population largement chrétienne du Congo, a tenu un rare point de presse pour tenter de faire appel aux leaders politiques du pays.

L'archevêque Nicolas Djomo, le président de la Conférence épiscopale du Congo, a déclaré dimanche que tous les acteurs politiques devraient mettre un frein au «train, qui se dirige tout droit vers un mur», ajoutant être «inquiet» face à l'envenimement de la situation.

Des observateurs internationaux avaient dénoncé de telles anomalies au cours de l'élection lundi dernier, citant notamment l'arrivée tardive des bulletins de vote, ce qui a entraîné une prolongation du vote au cours des trois jours subséquents.

Ils avaient également noté de possibles fraudes, soulignant toutefois qu'il ne semblait pas y avoir de modèle qui aurait pu modifier la nature des résultats de l'élection. La plus importante mission d'observation avait été organisée par le clergé, qui a réparti une équipe de 30 000 surveillants électoraux, représentant environ 20 pour cent des 60 000 bureaux de vote.

Un gardien chargé de surveiller un magasin, vidé de ses écrans plats de télévisions par son propriétaire, a affirmé que cette agitation ne durerait que le temps de l'annonce des résultats de l'élection.

Du côté de la rivière Congo, qui sépare Kinshasa de Brazzaville, la capitale du pays tout juste au nord, un responsable de la sécurité ayant requis l'anonymat a soutenu qu'au cours de la dernière semaine, les bateaux s'étaient remplis de membres des familles de l'élite congolaise.

«Je reconnais les politiciens. Ils s'enfuient, ils viennent avec leurs valises et leurs enfants», a-t-il affirmé.