Plus de 13 millions de Marocains sont appelés vendredi à élire 395 députés à la première chambre du parlement, un scrutin dont les enjeux sont une percée du parti Justice et développement (PJD, islamiste modéré) ainsi que le taux de participation.

Marquée par une absence d'enthousiasme populaire, malgré des enjeux de taille, la campagne électorale a officiellement pris fin jeudi à minuit.

Quelque 4000 observateurs marocains et étrangers seront présents pour superviser les opérations de ce vote considéré comme «historique» par le pouvoir qui a multiplié ces dernières semaines les appels au vote dans les médias officiels.

Lors des dernières législatives de 2007, le taux de participation n'avait pas dépassé 37%.

Ces législatives anticipées interviennent cinq mois après l'adoption par référendum d'une nouvelle constitution, initiée par le roi Mohamed VI, massivement approuvée par référendum le 1er juillet dernier.

La nouvelle Constitution octroie, entre autres, plus de pouvoirs au parlement et au chef du gouvernement tout en promettant un système plus démocratique que dans le passé. Mais le souverain conserve des prérogatives très importantes dans plusieurs domaines.

La réforme prévoit aussi pour la première fois que le premier ministre sera choisi au sein du parti arrivé en tête.

Le PJD affrontera notamment deux formations de la coalition gouvernementale, l'Istiqlal (Indépendance) du premier ministre Abbas El Fassi et le Rassemblement national des indépendants (RNI, libéral) du ministre de l'Économie et des Finances, Salaheddine Mezouar. Celui-ci est donné par beaucoup comme possible futur chef de gouvernement.

«Le jeu n'a jamais été aussi ouvert sur toutes les probabilités (...) et le parti le plus puissant ne dépassera sans doute pas les 16 à 18%» des votes, a confié à l'AFP Khalid Naciri, le ministre marocain de la Communication, à la veille du scrutin.

Le PJD table sur un «effet Ennahda», le parti islamiste vainqueur des élections du 23 octobre en Tunisie, et sur la vague islamiste dans plusieurs autres pays musulmans.

L'autre question clé est le taux de participation dans un pays où la majorité des électeurs âgés de plus de 18 ans boudent généralement les urnes.

Né dans le sillage de la contestation du printemps arabe, le Mouvement du 20 février - qui regroupe des islamistes, des militants de gauche et des jeunes - a appelé au boycottage des urnes.