À quatre jours des élections en République démocratique du Congo (RDC), la Commission électorale est soumise à rude épreuve: l'opposition l'accuse de préparer une «fraude massive» et elle doit relever le défi titanesque de distribuer tout le matériel électoral avant lundi.

La Commission électorale nationale indépendante (CÉNI) avait déjà été accusée de manquer de transparence lors de la révision du fichier électoral, mais cette fois l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), dirigée par l'opposant historique Étienne Tshisekedi, la soupçonne de préparer un trucage «massif» de la présidentielle et des législatives du 28 novembre.

«Près de 55%» des quelque 64 000 bureaux de vote sont «fictifs» et seront «mis au profit du candidat (Joseph) Kabila», le chef d'État sortant qui brigue un second mandat, a dénoncé mercredi le parti de M. Tshisekedi, l'un des onze candidats à la présidentielle.

Rejetant une «accusation grave», le président de la CÉNI, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, ancien «conseiller spirituel» de Kabila, a vigoureusement démenti: «Je voudrais le dire haut et fort: la CÉNI n'a pas de bureau fictif (...) Il n'y a aucune intention de tricherie».

«Il est clair qu'on peut avoir (commis) des erreurs (...) de repérage et d'implantation (des bureaux), et là nous disons (que) cela va se corriger», a-t-il assuré.

Sous la houlette du pasteur Mulunda, la CÉNI n'a plus que trois jours pour distribuer, au plus tard dimanche soir, tout le matériel électoral dans les bureaux de vote, et surtout les quelque 64 millions de bulletins pour les deux scrutins.

En retard constant sur son calendrier, la CÉNI a dû faire appel en urgence ces derniers jours à des partenaires étrangers (Angola et Afrique du Sud principalement), en plus de l'ONU, pour disposer d'une noria de 61 hélicoptères et 20 avions chargés d'acheminer le matériel vers les bureaux de vote répartis sur un territoire grand comme près de 4 fois la France (le Québec fait trois fois l'Hexagone) et aux infrastructures défaillantes voire inexistantes.

«Nous nous sommes organisés et nous avons cherché tous les moyens (...). Pour l'instant nous sommes en train de nous battre pour tenir cette promesse que nous avons faite à notre peuple» d'organiser les élections le 28 novembre, a affirmé le pasteur Mulunda.

«Nous nous sommes donnés comme délai le (vendredi) 25 pour que tout soit sur place. Sans exclure d'aller jusqu'au 26 et même le 27» novembre, a-t-il ajouté.

«Le temps important passé au déploiement du matériel sensible (les bulletins) soulève également l'inquiétude quant à la possibilité du retour des résultats dans un délai raisonnable», a relevé l'ex-président zambien Rupiah Banda, chef de la délégation d'observateurs du Centre Carter en RDC.

Plus de 47 000 observateurs nationaux et internationaux ont été accrédités pour ces élections, selon la CÉNI.

À quelques heures de la fin de la campagne, samedi à minuit, les principaux candidats à la présidentielle terminent leurs déplacements en province et se rapprochent de Kinshasa.

Selon l'UDPS, Étienne Tshisekedi devrait y tenir un dernier grand meeting «en principe» vendredi dans le grand stade de la ville, tandis que Joseph Kabila devrait faire de même au même endroit samedi, selon son entourage.

Les appels à des élections «apaisées» se sont multipliés ces dernières semaines, après des violences entre partisans de l'opposition et de la majorité dans plusieurs villes.

Les résultats provisoires de la présidentielle doivent être annoncés le 6 décembre, les définitifs le 17, et le président élu prêtera serment le 20 décembre. Les résultats provisoires des législatives ne sont attendus que vers la mi-janvier.