Trois travailleurs humanitaires, une Américaine, un Danois et un Somalien, ont été enlevés mardi après-midi dans le centre de la Somalie, a confirmé leur employeur, l'ONG Danish Demining Group (DDG).

«Aujourd'hui à 15h en Somalie, trois employés du Danish Demining Group ont été kidnappés,» a indiqué Klaus Ljoerring Pedersen, directeur régional de l'ONG, dans un communiqué. «L'un est un homme somalien, deux sont des employés internationaux, une Américaine et un Danois,» a-t-il poursuivi.

«Le Danish Demining Group n'a pas d'autres commentaires à faire pour le moment et encourage les médias à respecter les besoins de confidentialité de l'enquête en cours,» a-t-il ajouté.

Un peu plus tôt, un responsable de la sécurité somalienne, Ali Mohamed, avait affirmé, sans plus de précision, que «deux travailleurs humanitaires étrangers de DDG (avaient) été kidnappés près de l'aéroport de Galkayo par des hommes armés.»

DDG a un programme de déminage dans la région et un autre éducatif sur les risques des explosifs. Elle y a ouvert ces activités en 2007.

Galkayo, à cheval entre les deux régions somaliennes proclamées semi-autonome du Puntland et de Galmudug, a été le théâtre de violents affrontements entre groupes politiques ou clans rivaux en septembre.

En raison des risques d'enlèvements et de violences permanentes, la Somalie est l'un des pays les plus dangereux pour les travailleurs humanitaires. Les ONG indiquent souvent n'y travailler qu'avec des collaborateurs locaux.

La Somalie est sans gouvernement effectif et en état de guerre civile depuis 20 ans. La situation a permis l'éclosion de nombreuses milices, d'insurgés islamistes et de groupes de pirates qui règnent sur de plus ou moins grandes portions du territoire.

Le mois dernier, le Galmudug et le Puntland avaient signé une feuille de route, destinée à reconstruire la nation, avec le gouvernement de transition somalien (TFG) à Mogadiscio. Les deux États semi-autonomes sont opposés aux shebab, des rebelles islamistes qui se revendiquent d'Al-Qaïda et qui ont juré la perte du TFG et contrôlent l'essentiel du territoire somalien, plus au sud.

En septembre et octobre, quatre Européennes enlevées au Kenya avaient été emmenées dans le sud de la Somalie par leurs ravisseurs.

Deux employées espagnoles de Médecins sans frontières, Montserrat Serra et Blanca Thiebaut, avaient été kidnappées dans les camps de réfugiés de Dadaab, dans l'est du Kenya. Avant elles, une Britannique, Judith Tebbutt, et une Française, Marie Dedieu, décédée en captivité, l'avaient été sur le très touristique archipel de Lamu.

En réaction, le Kenya a envoyé des troupes à la poursuite des shebab dans le Sud somalien. Les insurgés, qui nient toute responsabilité dans ces rapts, ont promis des représailles et la police kényane qui les soupçonne d'être derrière deux attaques à la grenade dans la capitale Nairobi qui ont fait un mort et 29 blessés en moins de 24 heures lundi.

Mardi pourtant, le ministre kényan des Affaires étrangères, Moses Wetangula, a redit la détermination de son pays à protéger ses frontières, affirmant que le Kenya ne pouvait pas regarder sans rien faire «des enlèvements de touristes, de travailleurs humanitaires et des violations de son intégrité territoriale.»