L'ambassade américaine à Nairobi a mis en garde contre le risque d'attaques imminentes contre des étrangers au Kenya, en raison de «menaces» émanant des insurgés islamistes shebab, a déclaré dimanche la secrétaire d'État Hillary Clinton.

«Nous avons reçu des menaces des shebab contre les Américains et les Occidentaux», a déclaré la chef de la diplomatie américaine, une semaine après le début de l'offensive militaire kényane contre les insurgés islamistes dans le sud somalien.

Sans citer les shebab, l'ambassade américaine à Nairobi a fait état d'informations «crédibles» sur une «menace imminente d'attaques terroristes» contre d'importantes installations et zones du Kenya, «où les étrangers ont l'habitude de se réunir, tels que les centres commerciaux et les discothèques», selon un communiqué diffusé samedi par le département d'État à Washington.

L'ambassade a pris des mesures pour limiter les déplacements officiels du gouvernement américain au Kenya et demande aux «citoyens américains de tenir compte» de cette information s'ils y envisagent un déplacement. Elle conseille même de «reporter» les voyages au Kenya pour le moment.

Hillary Clinton a qualifié la situation de «très dangereuse». «Nous voulons nous assurer que, quelques soient les informations, nous répondions immédiatement aux Américains vivant, travaillant ou se rendant au Kenya», a-t-elle ajouté sur la chaîne américaine ABC.

Elle a précisé que les shebab avaient proféré leurs «menaces en public». «On peut voir dans la couverture (médiatique) des dernières semaines qu'ils ont menacé le Kenya. Ils ont menacé les Occidentaux», a-t-elle dit, ajoutant: «Donc les shebab demeurent une menace très grave, c'est la raison pour laquelle nous avons pris des mesures contre eux».

Le département d'État avait lancé en décembre dernier une mise en garde contre les déplacements au Kenya, en faisant état de «menaces continuelles d'attentats terroristes» et du «haut niveau de la criminalité» régnant dans ce pays.

Nairobi a lancé le week-end dernier une offensive militaire dans le sud somalien, à la suite d'une série d'enlèvements de quatre Européennes dans l'est de son territoire, près de la Somalie. Le Kenya entend y pourchasser les shebab, qu'il rend responsables de ces récents kidnappings.

Les shebab, qui nient toute responsabilité dans les récents enlèvements au Kenya, ne cessent de lancer des menaces de représailles.

«Toutes les régions islamiques de Somalie (..) se préparent à une guerre totale. Ca sera notre réponse aux incursions de certains pays voisins qui participent à l'invasion chrétienne de la Somalie», a encore déclaré samedi Mohamed Abdi Godane, le principal leader des shebab dans un message enregistré.

Nairobi a promis d'assurer la sécurité sur son territoire et pour la première fois samedi, un renforcement de cette sécurité était effectivement visible dans le quartier central des affaires de la capitale. Une patrouille militaire y interdisait les attroupements devant l'hôtel Hilton et a contrôlé plusieurs personnes de type somalien, selon un journaliste de l'AFP.

En 1998, le coeur de Nairobi avait été frappé par un sanglant attentat perpétré par Al-Qaïda, dont se revendiquent les shebab. L'attaque, qui visait l'ambassade américaine, avait fait 213 morts.