Plus de 70 personnes ont été tuées mardi dans un attentat-suicide au camion piégé contre un complexe ministériel à Mogadiscio mardi, a annoncé la présidence somalienne dans un communiqué.

Les islamistes «shebab ont revendiqué leur responsabilité dans cette attaque-suicide à un carrefour fréquenté situé près du ministère de l'Éducation, qui a  entraîné la mort de plus de 70 personnes et fait 150 blessés, dont la plupart étaient de jeunes étudiants», a déclaré le président Sharif Cheikh Ahmed qui a condamné cet attentat dans un communiqué.

Cet attentat perpétré à proximité du palais présidentiel est le plus meurtrier des dernières années dans la capitale somalienne et est le premier revendiqué par les islamistes shebab depuis leur retrait de la ville il y a deux mois.

«Je suis extrêmement choqué et attristé par cet acte cruel et inhumain de violence (perpétré) contre les plus vulnérables de notre société», a ajouté le président somalien, qui a adressé «ses plus profondes condoléances aux familles des victimes et au peuple de Somalie».

C'est le premier attentat à Mogadiscio depuis que les shebab ont été contraints début août de quitter la ville face à une offensive des troupes pro-gouvernementales soutenues par une force de l'Union africaine (AMISOM).

Après avoir forcé un barrage de contrôle, le véhicule chargé d'explosifs est entré dans l'enceinte du bâtiment -qui abrite au moins quatre ministères- et a explosé, à un rond-point connu sous le nom de «K4» («Kilomètre 4»), un des principaux carrefours de la ville qui mène à l'aéroport où est installée une base de l'Union africaine (AMISOM).

Le complexe ministériel a été très endommagé, et plusieurs voitures ont pris feu. De nombreux cadavres, sur lesquels avaient été jetés des draps blancs, jonchaient les lieux, a constaté un photographe de l'AFP.

Les précédents attentats les plus meurtriers à Mogadiscio avaient fait 21 morts au siège de l'AMISOM en septembre 2009, et 33 morts en août 2010. Les shebab ont également revendiqué un double attentat qui avait fait 76 morts en juillet 2010 dans la capitale ougandaise Kampala, leur première action hors de Somalie.

L'attentat de mardi se serait produit alors que des étudiants faisaient la queue devant le bâtiment gouvernemental pour obtenir des bourses attribuées par le gouvernement turc, selon une source locale.

La Turquie a promis une aide importante à la Somalie ravagée par la guerre civile depuis vingt ans, et depuis plusieurs mois par une sécheresse qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts.

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a été en août dernier le premier chef de gouvernement étranger à se rendre à Mogadiscio depuis le début de la guerre civile en 1991.

Contraints de se retirer début août de Mogadiscio et de plusieurs localités du sud de la Somalie largement sous leur contrôle, en raison d'une offensive pro-gouvernementale lancée en février, les shebab ont lancé récemment plusieurs contre-attaques.

Les insurgés islamistes ont notamment mené avec succès des incursions éclair dans la ville de Dhobley (sud, à la frontière avec le Kenya) vendredi, puis lundi dans celle de Dhusamareb (centre de la Somalie). À chaque fois, ils s'étaient toutefois retirés rapidement.