Deux manifestants ont été tués jeudi en Zambie dans des violences après la présidentielle de mardi dont les résultats sont attendus avec une tension croissante par les deux camps rivaux.

Le scrutin doit départager le président sortant, Rupiah Banda et son principal concurrent Michael Sata, qui est donné en tête par des résultats partiels. Tous deux ont 74 ans.

Des partisans de M. Sata ont manifesté dans deux localités du centre-nord du pays, Kitwe et Ndola, dans le «Copperbelt» -la «ceinture du cuivre», ressource importante du pays dont 64% de la population vit dans la pauvreté.

Selon la police, deux personnes ont été tuées dans ces émeutes: une victime aurait été touchée par des balles et une autre a été renversée par un minibus alors qu'elle courait dans la foule des émeutiers.

Le président Banda, proche des milieux d'affaires, a appelé au calme, mais a été critiqué pour la première fois par la mission d'observation européenne pour avoir largement financé sa campagne sur des fonds publics.

Les partisans de l'opposition ont caillassé des bus, des commerces, des voitures et des édifices de l'administration et incendié le marché de Chimwenwe, faubourg de Kitwe. La police est intervenue avec des gaz lacrymogènes, mais a signalé un retour au calme dans l'après-midi.

Le camp présidentiel a réagi en appelant les Zambiens à «rester calmes et pacifiques» et en reprochant à «certaines personnes de profiter des retards dans l'annonce des résultats pour créer l'anarchie».

Deux jours après le scrutin, le dépouillement se poursuivait, donnant sur la base de 116 circonscriptions sur 150 un score de 44,4% à M. Sata du Front patriotique (FP) contre 36,1% à M. Banda, du Mouvement pour la démocratie multipartite (MMD), au pouvoir depuis vingt ans.

L'écart s'est resserré avec l'arrivée de résultats de zones rurales, bastion présidentiel grâce aux réalisations gouvernementales, hôpitaux, écoles, routes et projets d'électrification.

À Lusaka, la plupart des commerces ont fermé par crainte de violences et le centre-ville, patrouillé par la police anti-émeute, tournait au ralenti.

«Nous voudrions vraiment faire vite, mais nous ne pouvons sacrifier l'exactitude des résultats», a déclaré la présidente de la Commission électorale, Irene Mambilima.

Auparavant, la Haute cour de Zambie avait interdit aux médias de diffuser «tout article contenant des spéculations sur les résultats (...) avant qu'ils ne soient officiellement annoncés».

Le jour du scrutin, des soupçons de fraude et des retards avaient provoqué la colère des sympathisants de l'opposition dans plusieurs bidonvilles de Lusaka et un début d'émeute à Kanyama, l'un des plus peuplés.

Mercredi, d'autres incidents ont éclaté à Solwezi, localité minière du Nord-Ouest, où les habitants ont accusé la commission électorale de vouloir transporter des urnes non scellées.

Ni la commission électorale, ni la centaine d'observateurs européens, présents depuis le 12 août, n'ont cependant trouvé de preuves de fraude.

En revanche, l'accès aux moyens de campagne a été «inégal», a critiqué la chef de mission européenne Maria Muniz De Urquiza. Le parti présidentiel a fait un «usage des ressources de l'État à des fins électorales parfois très ouvertement, en particulier la télévision publique, la radio et les journaux», a-t-elle dit.

«L'usage des véhicules gouvernementaux pour la campagne du MMD a également été largement constaté sur le terrain de même que l'utilisation du programme public de distribution de maïs, fréquemment observée comme moyen du MMD pour soutenir sa campagne», a ajouté son rapport.