Les premiers résultats très partiels de l'élection présidentielle en Zambie ont donné l'avantage mercredi au candidat de l'opposition Michael Sata face au président sortant Rupiah Banda, mais le score final demeurait très incertain et la tension élevée.

De nouveaux incidents ont éclaté à Solwezi, localité minière du Nord-Ouest dont les riverains ont accusé les employés de la commission électorale de vouloir transporter les urnes vers le centre de dépouillement sans les avoir scellées.

Ils ont lancé des pierres sur la police et sur les voitures de la commission.

En fin de journée, seules 22 circonscriptions sur 150 avaient terminé le dépouillement, donnant 44,5% à Sata contre 33% à son adversaire issu du parti MMD au pouvoir depuis vingt ans, selon la Commission électorale.

Mais il était impossible de savoir qui gagnera des deux favoris, le président Banda, proche des milieux d'affaires et fier de la croissance rapide de son pays, et le nationaliste Sata, qui promet de lutter contre la pauvreté en redistribuant les revenus de l'exploitation lucrative du cuivre.

Les résultats définitifs seront connus en fin de semaine.

Officiellement, le résultat définitif devait être proclamé 48 heures après la clôture du vote, soit jeudi soir, mais les incidents et les retards dans certaines régions risquent de rallonger ce délai, a indiqué le porte-parole de la Commission électorale, Chris Akufuna.

En 2008, à la dernière élection présidentielle, Sata avait perdu à deux points près face à Banda, qui avait joué la carte de la stabilité après le décès brutal du président Levy Mwanawasa, victime d'une attaque cérébrale à 59 ans.

Mercredi matin, trois bureaux ont dû encore ouvrir dans une province reculée de l'ouest du pays faute d'avoir reçu le matériel de vote la veille.

«Le vote et le décompte des bulletins se sont bien passés dans la majorité des bureaux», a néanmoins déclaré la présidente de la commission électorale, Irene Mambilima, appelant «à la patience et à la paix».

«Nous n'avons pas découvert de bulletins pré-cochés. Pour nous, ces allégations ne tiennent pas la route», a-t-elle ajouté.

Mardi, des soupçons de fraude et des bureaux de vote ouverts en retard ont provoqué la colère d'électeurs qui ont brûlé des bus, lancé des pierres sur la police et pris d'assaut des véhicules officiels, dans plusieurs quartiers pauvres de la capitale Lusaka. Kanyama, un des bidonvilles les plus peuplés, a été le théâtre d'un début d'émeute. Cinq personnes ont été arrêtées.

Mardi soir, la mission d'observation de l'Union européenne a cependant minimisé les incidents, jugés «très isolés» et estimé que le scrutin s'était déroulé «de manière transparente et correcte dans la majeure partie du pays».

Le vainqueur du scrutin à un tour de mardi dirigera pendant cinq ans ce petit pays à la croissance économique spectaculaire (7,6% en 2010 selon le FMI), poussée par l'envolée des cours du cuivre, sa principale ressource faute de se diversifier.

Le président Banda a fait campagne sur son bilan, estimant que l'enrichissement du pays grâce au cuivre donnait des perspectives optimistes de croissance et de développement.

M. Sata lui reproche d'avoir laissé les investisseurs étrangers faire main basse sur cette richesse, privant la population des fruits de cette croissance. Il promet de lutter en priorité contre la pauvreté en assurant une meilleure redistribution des revenus. Officiellement, 64% des 12,9 millions de Zambiens vivent avec moins de deux dollars par jour.

Le Front patriotique de M. Sata promet également de s'attaquer à la corruption, face au laxisme dont M. Banda fait preuve selon les analystes.