Quelque 120 personnes ont péri brûlées vives lundi dans l'explosion accidentelle et l'incendie d'un oléoduc dans un bidonville de la capitale kényane Nairobi, a déclaré la police.

«Le bilan des corps dénombrés jusqu'à présent est de 120. Il devrait augmenter à cause de corps dans la rivière» proche du lieu de l'accident où des victimes se sont précipitées pour éteindre les flammes qui les dévoraient, a dit un responsable municipal, Philip Kisia.

Un commandant de police du secteur, Thomas Atuti, avait auparavant estimé le nombre de morts «à plus de cent».

L'explosion s'est produite dans la zone industrielle de Lunga Lunga, qui est entourée du bidonville de Sinai, une zone de petites habitations aux toits de tôle, densément peuplée.

«Il y avait eu avant une fuite dans la canalisation et les gens essayaient de récupérer l'essence», a déclaré un habitant du quartier, Joseph Mwego. «On a entendu alors une grosse détonation, une forte explosion, et des flammes et de la fumée se sont élevées dans le ciel», a-t-il témoigné.

«Les gens essayaient de tirer du pétrole du conduit» a confirmé à l'AFP un responsable de la Croix Rouge, qui a envoyé une équipe sur les lieux.

Certaines victimes du feu ont sauté dans un cours d'eau proche dans l'espoir d'éteindre les flammes dans leurs cheveux et vêtements, mais beaucoup ont succombé à leurs blessures dans l'eau. La police a placé un filet en travers de la rivière pour empêcher les corps de dériver.

«Je n'avais rien vu de tel dans ma vie. J'ai vu des femmes et enfants, beaucoup, brûler comme du petit bois. Le pire était une femme calcinée avec son bébé dans le dos», a dit un habitant à l'AFP, Francis Muendo.

«Nous ne sommes pas surs du bilan. De là où je suis, je peux voir plus de 40 corps complètement brulés», a ajouté Dan Mutinda, un responsable de la Croix-Rouge qui coordonne les secours.

Un journaliste de l'AFP sur place a vu plusieurs dizaines de corps calcinés près du lieu de l'explosion qui s'est produite vers 5h30 GMT (1h30 heure locale).

Selon M. Mutinda, tous les blessés ont été évacués et la Croix-Rouge se concentre sur leur suivi.

Le vacarme des sirènes emmenant les blessés a cédé la place aux cris d'enfants, certains en uniforme scolaire, courant partout à la recherche de leurs parents.

Des gens se couvraient la bouche pour éviter d'étouffer dans la fumée acre.

Des maisons proches du pipeline ont aussi été gagnées par le feu, leur toit métallique se tordant et s'effondrant.

Selon les chaines de télévision locales montrant la noria d'ambulances, des dizaines de brûlés ont été hospitalisés.

Des pompiers aspergeaient l'oléoduc de mousse chimique en milieu de journée pour contenir le feu, tandis que la police avait installé un cordon de sécurité et repoussait les gens.

Les fuites d'oléoducs et de camions-citernes attirent souvent des foules en Afrique et sont à l'origine d'accidents meurtriers quand un incendie se déclare.

En 2009, 122 personnes avaient été tuées dans l'ouest du Kenya dans l'explosion d'un camion-citerne qui s'était renversé, et dont elles tentaient de récupérer l'essence.