L'Afrique du Sud va interdire la publicité pour l'alcool, «la question n'est pas de savoir si elle le fera, mais quand», a déclaré son ministre de la Santé Aaron Motsoaledi mardi, à l'ouverture au Cap d'une conférence sur la violence patronnée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

L'alcool «est facteur de violence», a déclaré le ministre, se référant à la situation de son pays où la violence est le deuxième facteur de mortalité après le sida. «Nous ne ferons pas marche arrière sur cette question du contrôle de l'alcool, y compris sur l'interdiction de la publicité», «c'est juste une question de temps», a-t-il ajouté. «Et si quelqu'un nous traite de nounou parce que nous protégeons les gens, j'assume parfaitement ce titre».

Le projet d'interdire les publicités pour des boissons alcoolisées fait débat depuis déjà plusieurs semaines. Une mission gouvernementale travaille sur un rapport dont le quotidien économique Business Day affirmait la semaine dernière qu'il se prononcerait en faveur de restrictions «significatives» et des interdictions pour certains segments des médias, mais pas pour une interdiction généralisée.

La décision est très attendue par les industriels comme par les médias qui en tirent d'importantes recettes (jusqu'à 40 millions d'euros pour la télévision nationale SABC) ou certaines compétitions sportives (le Mondial 2010 était commandité notamment par la bière Budweiser).

«L'usage nocif de l'alcool entraîne 2,5 millions de décès chaque année, ainsi que des maladies et des traumatismes en grand nombre et affecte de plus en plus les jeunes générations et les buveurs dans les pays en développement», selon un rapport publié en février par l'OMS.

L'Afrique du Sud est à la 52e place des pays pour la consommation d'alcool avec une moyenne de 7,81 litres d'alcool pur par an parmi les plus de 15 ans (6,13 litres en moyenne), selon l'OMS. Et 3,5 millions de personnes se présentent chaque année dans les hôpitaux publics surchargés pour des soins suite à des violences.