Julius Malema joue son avenir politique. Hier, le président de l'aile jeunesse du parti de l'ANC, en Afrique du Sud, a comparu devant le comité de discipline pour s'expliquer sur (une autre!) déclaration controversée. Mais ses partisans sont nombreux et jurent qu'ils défendront leur chef. Portrait éclair d'un aspirant président en qui certains voient un «grand» leader.

Nom:

Julius Malema

Ou simplement Juju, comme l'appellent ses admirateurs.

Titre:

Depuis 2008, président de l'aile jeunesse de l'ANC, le parti fondé par Nelson Mandela et qui dirige l'Afrique du Sud depuis 1994.

Bio:

À 30 ans, il est décrit comme tonitruant, populiste, provocateur, raciste. Ses déclarations incendiaires, notamment quand il qualifie les Blancs de criminels et de voleurs de terres, sapent le patient travail de réconciliation tissé depuis des années par Nelson Mandela et Desmond Tutu, dénoncent ses critiques. Malema milite intensément pour une nationalisation du secteur minier dans son pays et ne cache guère ses ambitions présidentielles. Il se présente comme le défenseur des jeunes Noirs défavorisés, mais de récentes révélations sur son train de vie fastueux et peut-être corrompu ont terni son image.

Déclarations percutantes:

En juin 2008, il déclare que l'aile jeunesse était prête à «tuer» pour soutenir le leader de l'ANC, l'actuel président Jacob Zuma. En 2009, lorsque Zuma est accusé de viol, il suggère que la victime a eu «du bon temps». En 2010, il chante publiquement Ayesaba amaGwala, un chant de l'époque de l'apartheid qui appelle à «tuer le Boer» (fermier blanc). En juin dernier, il qualifie les États-Unis d'«impérialistes assoiffés de sang» après les premiers bombardements en Libye.

Ennuis:

Hier, il a comparu devant le comité de discipline de l'ANC pour s'expliquer sur son appel à renverser le gouvernement du Botswana. Le président botswanais, Ian Khama, est une «marionnette des Américains», a déclaré M. Malema au début du mois d'août. Les diplomates sud-africains n'ont guère apprécié... Cette comparution, la seconde cette année, pourrait entraîner son exclusion de l'ANC.

Popularité:

Énorme, du moins dans les rangs de l'aile jeunesse de l'ANC. Winnie Madikizela-Mandela, l'ex-femme de Nelson Mandela également réputée pour son populisme, a déclaré qu'«un jour, il sera un grand leader». Il est cependant en rupture avec Jacob Zuma. Hier, des centaines de partisans de Malema ont provoqué une émeute devant le quartier général de l'ANC à Johannesburg, lançant des pierres aux policiers et aux journalistes. Julius Malema a tenté de calmer ses partisans. «Vous savez qui est votre ennemi», a-t-il lancé à la foule. La réponse ne s'est pas fait attendre: «Zuma! Zuma!»

Avec: Independent Online, Mail&Guardian, AFP, Reuters.