Les enquêteurs nigérians, appuyés par des agents du FBI, tentaient lundi de savoir si la secte islamiste qui a revendiqué l'attentat sanglant contre le siège de l'ONU à Abuja était effectivement responsable de cette attaque, l'une des pires jamais subies par l'organisation.

Après l'attentat suicide vendredi qui a fait au moins 21 morts, deux épisodes violents se sont produits dimanche dans le nord. Un responsable politique local a été assassiné à son domicile tandis qu'une bombe a été lancée dans la propriété d'un ex-ministre fédéral, sans faire de blessé.

La secrétaire-générale adjointe des Nations unies Asha-Rose Migiro, qui s'est entretenue dimanche avec le président nigérian Goodluck Jonathan après avoir visité le QG éventré de l'ONU, devait repartir dans la matinée, selon un porte-parole onusien, Martin Dawes.

Gregory Starr, responsable de la sécurité des Nations unies, devait rester encore quelques jours, «dans le cadre de l'enquête», selon cette source.

La police nigériane est engagée dans une recherche de grande ampleur comprenant plusieurs pistes et se penche également sur de précédents incidents au Nigeria. Boko Haram, un groupe islamiste nigérian violent qui a revendiqué l'attaque de vendredi ainsi que d'autres nombreuses attaques précédentes, figure parmi les suspects.

«Il s'agit d'une enquête multi-dimensionnelle, afin que nous puissions mettre un terme à ces incidents», a indiqué le porte-parole de la police Yemi Ajayi.

«Boko Haram fait toujours partie (des pistes) que nous étudions», a-t-il ajouté, précisant qu'aucun suspect pour l'instant n'avait été arrêté.

M. Ajayi a refusé d'indiquer qui participait à l'enquête, mais l'ambassade américaine a affirmé que des agents du FBI avaient été déployés au Nigeria à la demande des autorités d'Abuja.

Beaucoup se demandent comment un attentat contre l'enceinte très sécurisée des Nations unies a pu se produire.

Le kamikaze, en voiture, est parvenu à franchir deux portails gardés avant d'activer ses explosifs en percutant la façade de l'immeuble où travaillaient environ 400 personnes pour de nombreuses agences onusiennes.

Gregory Starr a indiqué dimanche qu'il n'y avait pas eu de menace spécifique contre les opérations des Nations unies au Nigeria avant cette attaque, l'une des plus sanglantes menées contre les Nations unies.

Asha-Rose Migiro a appelé dimanche les employés de l'ONU à travers le monde à poursuivre leur travail. «Le terrorisme ne peut être justifié. Les auteurs doivent être traduits en justice».

Un homme affirmant parler au nom de Boko Haram a revendiqué l'attentat, des propos qui n'ont pu être vérifiés de source indépendante.

Des analystes ont jugé possible qu'une faction de Boko Haram soit impliquée mais ont souligné qu'il était trop tôt pour l'affirmer.

Le groupe, qui a notamment revendiqué un attentat à la voiture piégée contre le QG de la police à Abuja en juin (au moins deux morts) a multiplié depuis un an les attaques et les assassinats.

Ses actions sont devenues plus sophistiquées et une multiplication d'indices fait craindre des liens avec des groupes terroristes extérieurs comme la branche maghrébine d'Al-Qaïda (Aqmi), active au Niger voisin.

Par contre, les deux incidents de dimanche rappellent de précédentes attaques de la secte, mais ils n'ont pas été revendiqués et la police ne détient pas de suspect.

Dans le premier, des hommes armés se sont introduits chez Lawan Yaraye, un responsable politique à Maiduguri (nord-est) et l'ont tué par balle.

Cette ville est l'épicentre des violences menées par Boko Haram qui y avait son QG jusqu'à sa destruction par les forces de l'ordre en 2009.

Dans le second incident, des individus ont jeté une bombe dans la propriété de l'ex-ministre de la police Ibrahim Yakubu Lame. Il occupait ce poste en 2009, quand les forces de l'ordre ont violemment réprimé une insurrection de la secte, faisant environ 800 morts en quelques jours.