Les conditions de travail et de logement des travailleurs agricoles employés dans les riches exploitations fruitières et viticoles de la région du Cap, dans le sud-ouest de l'Afrique du Sud, sont déplorables, accuse Human Rights Watch dans un rapport publié mardi.

L'association de défense des droits de l'homme dénonce pêle-mêle absence de logements décents, exposition aux pesticides sans équipement de sécurité approprié, absence d'accès à des toilettes ou à de l'eau potable au travail et efforts des employeurs pour empêcher les ouvriers agricoles de former des syndicats.

L'organisation de viticulteurs Wines of South Africa (Wosa) a critiqué dans un communiqué les méthodes de Human Rights Watch, l'accusant de partialité.

Alors que les exploitations fruitières et les vignobles du Cap apportent des milliards de rands (1 rand, 0,10 euro) à l'économie sud-africaine, les salaires y sont parmi les plus bas du pays, pointe Human Rights Watch.

Les logements sont souvent insalubres, dit HRW, telle cette ancienne porcherie sans eau, ni électricité ou protection contre les éléments où un ouvrier agricole a passé dix ans avec femme et enfants.

Si les lois sud-africaines garantissent théoriquement salaires, avantages sociaux, sécurité au travail et logement pour les travailleurs agricoles, le rapport constate que le gouvernement a largement échoué à les faire appliquer.

«La richesse et le bien-être que ces travailleurs produisent ne doivent pas trouver leur origine dans la misère humaine», déclare Daniel Bekele, directeur d'Human Rights Watch pour l'Afrique, cité dans un communiqué.

«Le gouvernement et les industries (agroalimentaires), et les agriculteurs eux-mêmes, doivent faire beaucoup plus pour protéger les personnes qui vivent et travaillent dans les fermes», a-t-il insisté.

«La réponse n'est pas un boycott des produits sud-africains, parce que cela pourrait être désastreux pour les travailleurs agricoles. Mais nous demandons aux détaillants de faire pression sur leurs fournisseurs afin de s'assurer que les conditions sont décentes dans les fermes qui cultivent les produits qu'ils achètent et vendent à leurs clients», a souligné M. Bekele.

L'organisation précise que son rapport a été compilé à partir de plus de 260 entretiens avec des ouvriers agricoles, des propriétaires de fermes, des membres de la société civile, des représentants de l'industrie, des responsables gouvernementaux, des avocats, des syndicalistes et des universitaires.

Les viticulteurs de Wosa dénoncent pour leur part ces résultats. «L'étude s'appuie sur des anecdotes présentées comme preuves, et utilise le prétexte de la protection des personnes interrogées pour éviter d'étayer ses affirmations», a déclaré Su Birch, directrice générale de Wosa, contestant la représentativité de l'échantillon.

Plus généralement, Wosa note qu'une part croisssante de ses membres adhèrent aux principes du commerce équitable.

L'organisation professionnelle conteste les conclusions du rapport sur la protection des travailleurs contre les pesticides et l'insalubrité des logements, notant que les viticulteurs ont déjà investi des milliards de rands pour loger plus de 200 000 employés.