L'opposant Jorge Carlos Fonseca a remporté le second tour de l'élection présidentielle organisé dimanche au Cap-Vert, selon les résultats de 92% des bureaux de vote, que son adversaire du parti au pouvoir, Manuel Inocencio Sousa, a aussitôt reconnus.

Ces chiffres - quasi-complets - créditent M. Fonseca, candidat du Mouvement pour la démocratie (MPD, libéral) de 54,53% des suffrages. M. Inocencio Sousa, candidat du Parti africain pour l'indépendance du Cap-vert (PAICV, socialiste) a obtenu 45,47% des suffrages.

Les résultats ont été communiqués en direct sur les médias publics et privés, qui diffusent le dépouillement des bulletins de vote par la Commission nationale des élections (CNE).

Les opérations de vote n'ont pu être organisées dimanche dans quatre bureaux de vote sur l'île de Santo Antao (nord-ouest) à cause de la pluie se tiendront lundi, selon la CNE. Il reste des résultats de quelques bureaux à dépouiller, mais ces données ne pourront pas inverser la tendance.

«Je félicite mon adversaire Jorge Carlos Fonseca. Je reconnais avoir perdu ce deuxième tour de l'élection présidentielle du 21 août», a déclaré sur les médias publics Manuel Inocencio Sousa, sans attendre les résultats complets.

«Je profite de l'occasion pour remercier tous ceux qui ont embrassé mon projet (de candidat) pendant ce deuxième tour. Je remercie les jeunes, les femmes et toute la Nation capverdienne», a ajouté M. Inocencio, qui s'exprimait depuis Mindelo, sur l'île de Sao Vicente (nord) où il a voté dans la journée de dimanche.

Aucune réaction n'avait immédiatement pu être obtenue du MPD.

Au total, un peu plus de 305 000 Capverdiens résidant sur le territoire et à l'étranger étaient appelés à voter au second tour.

Jorge Carlos Fonseca était déjà arrivé en tête au premier tour, organisé le 7 août, en obtenant plus de 37% des voix. Manuel Inocencio Sousa (32% des voix) s'était classé deuxième, voyant son score affaibli par des dissensions internes ayant secoué à quelques mois du scrutin.

Les deux hommes, qui ont 60 ans et sont originaires de Sao Vicente, ont aussi en commun d'avoir été ministre des Affaires étrangères de leur pays. M. Fonseca est un juriste, un universitaire et un des pères de la Constitution capverdienne. M. Inocencio Sousa, ingénieur, a également été de 2006 à récemment ministre des Infrastructures.

En félicitant son adversaire dès l'annonce des résultats provisoires, M. Inocencio Sousa s'inscrit dans une tradition de «fair-play» politique au Cap-Vert, où l'exécutif est représenté par le président de la République élu au suffrage direct, et un gouvernement dirigé par un Premier ministre aux pouvoirs importants et qui est responsable devant le parlement.

L'actuel Premier ministre, José Maria Neves, est le président du PAICV. Le président sortant, Pedro Pires, en le secrétaire général. Elu en 2001 et réélu en 2006, M. Pires ne pouvait prétendre à un troisième mandat conformément à la Constitution.

La victoire de Jorge Carlos Fonseca marque le retour à la présidence du MDP, qui avait perdu le fauteuil en 2001, après dix ans de pouvoir d'Antonio Mascarenhas Monteiro.

L'absence de contestation de sa victoire conforte la réputation du Cap-Vert comme modèle de démocratie en Afrique. Le pays avait particulièrement étonné en 2001, lorsque Pedro Pires a été élu au second tour avec seulement 12 voix d'avance sur son adversaire MPD Carlos Veiga, qui avait admis sa défaite et l'avait félicité.

A l'étranger, le Cap-Vert jouit par ailleurs d'une bonne réputation au plan économique, et a enregistré une croissance de 6% ces dix dernières années.

«Je me retire du pouvoir avec le sentiment d'avoir bien accompli mon devoir», avait déclaré dimanche matin le président Pires après avoir voté à Praia.