Des militaires et policiers du Zimbabwe utiliseraient un «camp de torture» à proximité du riche gisement diamantifère de Marange, pour terroriser les civils contraints de travailler dans les mines, selon une enquête de la BBC rendue publique lundi.

La radio-télévision britannique a recueilli plusieurs témoignages de personnes affirmant avoir été victimes d'abus sexuels et de violences physiques dans un lieu connu sous le nom de Zengeni, près de Marange, l'un des plus riches gisements du monde.

Dans cette région, selon le récit de la BBC, la police et l'armée enrôlent de force des civils pour les forcer à chercher des diamants. Ceux qui se rebellent ou réclament une part des bénéfices sont emmenés dans les camps de torture.

Les témoins interrogés par la BBC décrivent un camp de prisonniers ceint de barbelés, surnommé «Diamond Base», à quelques centaines de mètres de la mine principale de Mbada. Un autre camp existerait également dans la même région, près de Muchena.

Tous les ex-prisonniers interrogés ont requis l'anonymat, mais l'un des hommes a raconté avoir reçu jusqu'à 40 coups de fouet le matin et autant le soir. Ce témoin, selon la BBC, a pratiquement perdu l'usage d'un bras et marche avec difficulté, séquelles des coreections subis dans le camp.

Le même homme raconte que des chiens dressés à mordre sont également lâchés sur des prisonniers menottés.

Plusieurs ex-prisonniers ont raconté avoir été détenus plusieurs jours dans ce camp, puis remplacés par d'autres. Des femmes y seraient également détenues, et relâchées après avoir été violées.

Des témoins affirment que ces camps sont utilisés depuis au moins trois ans.

La BBC a également interrogé, sous couvert de l'anonymat, des membres des forces de sécurité qui ont confirmé des tortures et évoqué des décès.

Le gouvernement du Zimbabwe n'a pas répondu aux questions de la BBC, et aucun porte-parole n'avait pu être joint par l'AFP lundi à la mi-journée.

Les mines de Marange avaient été envahies par l'armée zimbabwéenne en 2008. Les soldats avaient alors violemment expulsé les milliers de prospecteurs qui occupaient les lieux, avant de forcer des civils à faire le travail.

Quelque 200 personnes y avaient été tuées, et le processus de Kimberley, le régulateur mondial, avait interdit le négoce des diamants.

Les autorités zimbabwéennes ont à plusieurs reprises affirmé que la situation était redevenue normale.