Des violences meurtrières ont fait treize morts au Nigeria ce week-end: deux victimes d'une explosion devant une église proche de la capitale et onze islamistes tués dans une fusillade dans le nord-est, selon l'armée et la police.

Deux personnes ont été tuées dimanche dans une explosion survenue dans le centre du pays le plus peuplé d'Afrique, théâtre de fréquents affrontements entre chrétiens et musulmans, près d'une église de la ville de Suleija, proche de la capitale Abuja, a annoncé la police.

«Il y a eu une explosion près d'une église de Suleija. Deux femmes grièvement blessées sont décédées», a dit le porte-parole de la police Yemi Ajayià l'AFP sans préciser la nature de l'explosion.

Selon le pasteur de l'église de la Mission de la fraternité de tous les chrétiens, Joseph Olowosagba, l'office dominical était fini, mais des membres de la communauté se trouvaient encore à l'intérieur.

«Nous venions de terminer l'office dans l'église et nous avions une réunion», a-t-il dit. «Alors, nous avons entendu une explosion et certains de nos membres ont été touchés. D'après ce que je sais, deux d'entre eux sont morts et un troisième est encore vivant, mais sérieusement blessé».

Suleija, dans l'État du Niger (centre), avait été le théâtre d'un attentat à la bombe dans un bureau de vote qui avait fait au moins 13 morts et des dizaines de blessés début avril, à la veille des législatives.

Le 13 mai, deux hommes armés à moto avaient ouvert le feu et tué deux policiers chargés de la sécurité du domicile d'une autorité locale.

Par ailleurs, une fusillade a éclaté samedi soir dans la ville de Maiduguri, dans le nord-est en proie aux troubles, à la suite d'une attaque à la bombe visant une patrouille de l'armée dans laquelle «des bâtiments et des véhicules ont été détruits», selon un communiqué militaire publié dimanche.

Il précise que «onze membres de la secte» islamiste Boko Haram, accusée d'une série d'attentats et attaques ces derniers mois, «ont été tués» et deux soldats blessés.

Mais des habitants du quartier ont accusé les soldats d'avoir tiré sur des civils innocents soupçonnés de collusion avec les attaquants.

«Les soldats étaient fous furieux, ils ont fait irruption dans les maisons, ont tiré sur les hommes et expulsé les femmes, et mis le feu aux maisons en représailles à ce qu'ils disaient être une connivence avec Boko Haram», a déclaré un habitant à l'AFP par téléphone.

«Tous les habitants de Kalari (le quartier concerné) ont fui la zone après l'attaque de crainte d'être harcelés» par les militaires. «La zone a été encerclée par les soldats», a ajouté cet habitant.

«Les soldats ont tiré sur de nombreuses personnes et ont pénétré dans les maisons en attaquant les gens», a témoigné une femme qui a fui son domicile.

Dans son communiqué, l'armée a accusé des habitants de la ville de collaborer avec les membres de la secte Boko Haram en permettant qu'ils utilisent leurs locaux pour lancer des attaques contre les forces de sécurité.

Elle a accusé des habitants d'avoir été au courant de l'attaque qui se préparait samedi.

«Nous rappelons à nouveau à la population les conséquences d'une telle collaboration qui recevra le traitement approprié», indique le communiqué.

Le Nigeria, peuplé majoritairement de chrétiens au sud et de musulmans au nord, connaît fréquemment des violences interreligieuses.

Ces dernières semaines ont vu une recrudescence des attentats contre des églises, des débits de boisson et des commissariats attribués pour la plupart aux islamistes de Boko Haram qui se réclament des talibans afghans.

Le week-end dernier, une vingtaine de personnes ont été tuées dans des attentats dans le nord-est du Nigeria, dont le plus meurtrier a fait au moins dix morts dans un bar fréquenté par la police à Maiduguri.

Des centaines de soldats ont récemment été déployés pour lutter contre les attentats dans cette ville, capitale de l'État de Borno, dans le nord majoritairement musulman.