Le bilan de l'accident d'un avion d'une compagnie privée congolaise vendredi à Kisangani, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), s'est alourdi à 74 morts samedi et le gouvernement a décrété un deuil national jusqu'à mardi.

Selon la Croix-Rouge congolaise, 74 corps se trouvent «à la morgue de l'hôpital général de Kisangani, dont 28 ont été rapportés» samedi matin, a précisé à l'AFP Mario-Real Shutsha, secrétaire général de l'organisation en RDC.

Plus d'une quarantaine de blessés, dont certains grièvement brûlés, étaient encore soignés samedi matin dans des structures de santé à Kisangani, selon le Dr Jean-Marc Mambimbi, médecin inspecteur de la Province Orientale, dont la ville est le chef-lieu.

Vendredi soir, la compagnie aérienne Hewa Bora Airways, propriétaire de l'avion, avait donné un bilan provisoire de 46 morts.

L'avion, un Boeing 727 qui transportait 118 personnes au total, selon la compagnie, s'est écrasé dans la forêt à 300 m au-delà de la piste, lors de l'atterrissage, aux environs de 15 h (9h, heure de Montréal), alors qu'une très forte pluie s'abattait sur la région. Il a ensuite pris feu.

Il assurait la liaison régulière Kinshasa-Kisangani-Goma.

Selon le directeur d'Hewa Bora, Stavros Papaioannoua, il y avait «112 passagers, avec deux hôtesses, un mécanicien et trois pilotes». «Les membres de l'équipage sont décédés, sauf les deux hôtesses qui ont été blessées», a-t-il précisé à l'AFP.

Des équipes de la Croix-Rouge ont travaillé sur le lieu de l'écrasement dans des conditions «difficiles», jusqu'à 2 h samedi, pour évacuer les blessés et dégager les corps. Les recherches ont repris à 5 h 30 et 28 nouveaux corps ont été retrouvés. Médecins sans Frontières (MSF) a aussi participé aux secours.

Le gouvernement de la RDC a décrété un deuil national jusqu'à mardi. Le président congolais Joseph Kabila s'est rendu samedi, avec plusieurs ministres, dont celui des Transports, au chevet de blessés hospitalisés à Kisangani, selon la Radio Okapi, parrainée par l'ONU.

Les causes exactes du drame ne sont pas encore connues, mais selon M. Papaioannoua, les pilotes «sont tombés dans une forte tempête.

Ils ont voulu atterrir, d'autant plus que deux avions l'avaient fait juste avant», dans des conditions météo identiques, comme l'a constaté un journaliste de l'AFP qui se trouvait à bord de l'un d'eux, un Airbus A320 d'une autre compagnie privée congolaise.

Le précédent accident d'un avion de la compagnie date du 15 avril 2008: une cinquantaine de personnes avaient été tuées quand un DC-9 s'était écrasé, peu après son décollage de l'aéroport de Goma, sur un quartier populaire de cette ville de la province du Nord-Kivu.

Les accidents d'avion sont fréquents en RDC, et toutes les compagnies aériennes du pays - une cinquantaine identifiées - figurent sur la liste noire de l'Union européenne, qui leur a interdit son espace aérien.

Le mauvais entretien des appareils, souvent anciens, leur surcharge s'agissant surtout des avions de fret, l'absence de contrôle, le non-respect des règles de sécurité et aussi les mauvaises conditions météo en sont souvent la cause.

Début avril à Kinshasa, un avion de l'ONU avait raté son atterrissage par mauvais temps, faisant 32 morts et un seul survivant.

Il s'agissait du premier écrasement d'un appareil de la Mission de l'ONU au Congo (Monusco), depuis le début de sa mission en 1999 et qui sillonne chaque jour le ciel de la RDC, un pays cinq fois plus grand que la France.