Le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU a lancé vendredi un appel pressant à la mobilisation de la communauté internationale en faveur de la Somalie ravagée par 20 ans de guerre civile et aujourd'hui frappée par une sécheresse historique.

Alors que des dizaines de milliers de Somaliens fuient les violences et la famine vers les pays voisins, le Haut commissaire du HCR Antonio Guterres a déclaré depuis Addis Abeba que son «principal objectif» était d'obtenir de la communauté internationale qu'elle s'engage «plus activement» pour éviter un désastre humanitaire.

«S'il y a une population qui aujourd'hui endure la pire tragédie humanitaire au monde, c'est la population somalienne», a-t-il témoigné après avoir visité des camps de réfugiés somaliens en Éthiopie.

De Genève, une porte-parole du HCR, Melissa Fleming, a déclaré dans un point de presse que «de nombreuses personnes meurent en chemin, d'après ce que nous entendons». «Ces personnes meurent de malnutrition», a-t-elle précisé.

Elle a fait état de récits «atroces» de mères ayant perdu leurs enfants alors qu'ils fuyaient le pays.

Quelque 1700 Somaliens arrivent quotidiennement dans la région éthiopienne de Dolo Ado (sud-est), près de la frontière, à la recherche d'eau et de nourriture, selon le HCR qui s'inquiète d'un manque de financement pour les opérations humanitaires.

Les humanitaires opérant dans le sud-est de l'Éthiopie «risquent d'être submergés faute d'une aide internationale plus rapide et plus robuste destinée à répondre à la crise des déplacements provoquée par la sécheresse dans la Corne de l'Afrique», a averti Mme Fleming.

En juin, environ 54 000 Somaliens se sont réfugiés au Kenya et en Éthiopie, selon le HCR.

L'ONU a récemment indiqué que plus de 135 000 Somaliens ont fui leur pays depuis le début de l'année, créant une «tragédie humaine inimaginable».

L'ensemble de la Corne de l'Afrique est frappé par la sécheresse. Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (Unicef) estimait vendredi que plus de deux millions d'enfants y sont mal nourris, dont environ 500 000 sont «en danger de mort à ce stade».

«C'est une progression de 50% par rapport aux chiffres de 2009», a fait valoir une porte-parole de l'agence onusienne, Marixie Mercado.

«Nos nutritionnistes nous disent que la situation est sans précédent, du jamais vu depuis des décennies», a déclaré pour sa part un autre porte-parole du HCR, Andrej Mahecic.

M. Guterres sera samedi et dimanche au Kenya, où il doit visiter le plus grand camp de réfugiés au monde, Dadaab, qui abrite 380 000 personnes près de la frontière somalienne.

Prévu pour abriter 90 000 personnes, Dadaab a continuellement vu sa population augmenter au cours des vingt dernières années de violences et de famine en Somalie.

Le HCR, qui gère le camp, rencontre ainsi de plus en plus de difficultés à assurer les services essentiels tels que l'accès à l'eau, à l'éducation et à des conditions sanitaires élémentaires.

Une douzaine d'organisations humanitaires britanniques, dont Oxfam, Care et World Vision, ont lancé vendredi un appel conjoint pour venir en aide à «plus de 10 millions de personnes» en Afrique de l'Est menacées par la «pire sécheresse depuis plus d'un demi-siècle».

Une haute responsable de l'Agence publique américaine du développement (USAID) a estimé jeudi que la sécheresse va s'aggraver d'ici à la fin de l'année, créant un risque de famine dans les régions de Somalie les plus touchées.