Les parties en conflit au Kordofan-Sud ont signé mardi un accord-cadre pour régler leurs différends dans cet État pétrolier du nord du Soudan meurtri par les violences, selon une copie du document reçue par l'AFP.

Cet accord, conclu dans la capitale éthiopienne Addis Abeba après un autre accord entre nordistes et sudistes sur le territoire controversé d'Abyei, intervient à moins de deux semaines de la proclamation de l'indépendance du Sud-Soudan le 9 juillet à la suite d'un vote quasi-unanime lors d'un référendum organisé en janvier 2011.

Il a été signé entre le pouvoir à Khartoum (nordiste), représenté par le conseiller présidentiel Nafie Ali Nafie, et le chef de la branche nordiste du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rebelles sudistes), Malik Agar.

«La question du cessez-le-feu sera discutée demain (mercredi). Cet accord est un prélude à la fin des hostilités (...) J'espère qu'il a été signé de bonne foi», a dit à l'AFP M. Agar, un allié des autorités sudistes.

Le médiateur de l'Union africaine (UA) Thabo Mbeki a également signé l'accord.

Les parties s'engagent à des arrangements politiques et sécuritaires dans l'État du Nil Bleu et celui du Kordofan-Sud, situé à la frontière entre le Nord et le Sud-Soudan, aux termes de l'accord.

Celui-ci prévoit aussi que tout «désarmement doit être appliqué (...) sans recours à la violence», ainsi que la formation immédiate d'un comité politique qui sera chargé de «discuter et de résoudre pacifiquement la question de la gouvernance dans le Kordofan-Sud» d'ici à 30 jours.

Le Kordofan-Sud, unique État pétrolier du Nord, est en proie depuis le 5 juin dernier à de violents affrontements entre les Forces armées soudanaises (SAF, nordistes) et la branche nordiste de la SPLM, qui auraient fait des centaines de morts.

Ces combats dans cet État ethniquement divisé menacent de couler l'accord de paix de 2005 entre le Nord et le Sud, qui a mis fin à une guerre civile de plus de 20 ans et ouvert la voie à l'indépendance du Sud. Ils ont provoqué le déplacement de plus de 70 000 personnes, selon l'ONU.

Des leaders religieux et des militants accusent Khartoum, qui dément, d'y mener un nettoyage ethnique visant les Nouba qui se sont battus du côté des sudistes pendant la guerre civile (1983-2005).

Le président des États-Unis Barack Obama a appelé à un «cessez-le-feu immédiat» au Kordofan-Sud, qualifiant d'«affreuse» la situation.

Le Kordofan-Sud est limitrophe des régions sensibles du Darfour et d'Abyei.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi à l'unanimité une résolution sur l'envoi de 4200 Casques bleus éthiopiens dans le territoire soudanais disputé d'Abyei.

Les forces gouvernementales ont occupé Abyei le 21 mai et des dizaines de milliers de personnes ont depuis fui vers le Sud. Le gouvernement soudanais et celui du Sud-Soudan ont conclu le 20 juin un accord prévoyant que le territoire d'Abyei serait démilitarisé.