Les jeunes du mouvement du 20 février appellent à des manifestations pacifiques dimanche dans plusieurs villes du Maroc à quelques jours du référendum sur un projet de révision constitutionnelle, mais certains redoutent des dérapages suscités par des contre-manifestations.

Le 19 juin, des manifestations à l'appel du mouvement du 20 février, qui appelle au boycottage du référendum, s'étaient trouvées face à des partisans de ce scrutin.

Dans une lettre adressée samedi au ministre de l'Intérieur, l'Association marocaine des droits humains (AMDH) a prévenu que «les violences qui visent les jeunes du Mouvement de la part de groupes encadrés par les autorités locales sont dangereuses et suscitent beaucoup d'inquiétudes».

«Les autorités profitent des difficultés socio-économiques de ces habitants pour les dresser contre les jeunes qui manifestent pacifiquement», a ajouté l'AMDH.

«Grâce à ce stratagème, le Makhzen (NDLR: utilisé parfois pour désigner le pouvoir central) entend sous-traiter la répression», a écrit pour sa part le journaliste Khalid Jamaï dans le site mamfakinch.com (on ne lâchera pas), proche du Mouvement du 20 février.

Dans une déclaration à l'AFP, le ministre marocain de la Communication Khalid Naciri a toutefois indiqué qu'il s'agit de «rassemblements spontanés de personnes qui soutiennent le projet de réforme de la constitution. Il est injuste de les décrire de manière aussi négative».

Les manifestations de dimanche sont très attendues à quelques jours du référendum sur un projet de révision constitutionnelle prévu le 1er juillet, qui renforce certains pouvoirs du Premier ministre, tout en préservant l'essentiel des pouvoirs du roi Mohammed VI.

«Plus roi que jamais. Mohammed VI accorde une plus grande marge de manoeuvre au Premier ministre (...) mais il ne cède rien sur ses prérogatives», écrit samedi en Une l'hebdomadaire francophone Tel Quel, le magazine le plus lu au Maroc avec plus 20 000 exemplaires vendus.

La plupart des partis politiques ont appelé à approuver le projet constitutionnel, alors que trois partis de gauche et le mouvement de jeunes du 20 février prônent un boycottage.

Vendredi, le mouvement islamiste Justice et bienfaisance, l'un des plus importants au Maroc, a également appelé à «boycotter» le scrutin et déclaré qu'il participera aux manifestations de dimanche aux côtés des jeunes du 20 février.

Dans leurs journaux, les partis politiques appellent à des rassemblements «massifs» dans plusieurs villes «chaque jour» jusqu'au 30 juin pour soutenir le projet constitutionnel, souligne notamment le quotidien Al Alam, l'organe de presse de l'Istiqlal, le parti du Premier ministre Abbas El Fassi.

«Nous sommes tellement confiants dans l'appui de la majorité de la population au projet de constitution (que) ce ne sont pas quelques voix dissonantes qui nous déstabiliseront», avait dit M. Naciri, qui est également porte-parole du gouvernement.