Des protestataires au Maroc ont appelé à manifester dimanche contre des réformes proposées par le roi Mohammed VI, que Paris a saluées comme des «avancées capitales».

Le souverain chérifien a annoncé vendredi soir que des amendements à la constitution prévoyant notamment un renforcement du rôle du premier ministre allaient être soumis à référendum le 1er juillet.

Mohammed VI, qui a succédé à son père Hassan II en 1999 dans ce pays de 32 millions d'habitants, a aussi annoncé un renforcement de la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire, et des mesures en faveur des minorités et des femmes.

Le président français Nicolas Sarkozy a salué «des avancées capitales» pour «les libertés publiques», «les droits individuels» ainsi que «le renforcement de l'État de droit ou la prise en compte de la diversité culturelle du Maroc».

Les «importantes attributions confiées au Premier ministre, comme la stricte séparation des pouvoirs permettront de créer un nouvel équilibre constitutionnel au profit des institutions élues, dans le plein respect de l'institution monarchique», a jouté dans un communiqué M. Sarkozy.

Dimanche, ce projet de réforme de la Loi fondamentale en vigueur depuis 1962 a été jugé insuffisant par le rassemblement qui réclame depuis février la mise en place d'une véritable monarchie parlementaire.

«Le projet tel qu'il a été proposé par le roi hier ne répond pas à nos revendications pour une véritable séparation des pouvoirs», a déclaré samedi à l'AFP Najib Chaouki, l'un des responsables de Rabat de la contestation.

Rassemblés sous l'appellation de Mouvement du 20 février, les protestataires, en majorité des jeunes, critiquent la prééminence du roi dans les institutions mais ne remettent pas en cause le principe de la monarchie.

M. Chaouki a annoncé une mobilisation dimanche et la coordination nationale du Mouvement du 20 février a appelé sur sa page Facebook à des défilés notamment à Rabat, Casablanca, Tanger (nord), Marrakech (sud) et Fès (centre).

Face à la vague de contestation au Maroc, Mohammed VI avait promis dans un discours le 9 mars des réformes politiques importantes.

L'une des innovations annoncées vendredi est le renforcement des pouvoirs du futur «chef du gouvernement» qui «sera désigné au sein du parti arrivé en tête des élections de la Chambre des représentants» par le souverain. Jusqu'ici le roi pouvait choisir le Premier ministre de son choix.

Le chef du gouvernement aura notamment «le pouvoir de dissoudre la Chambre des représentants». Dans l'actuelle constitution, la dissolution est du ressort exclusif du monarque.

Pour la coalition parlementaire, les amendements proposés doivent permettre de faire entrer le pays «dans une nouvelle phase constitutionnelle», selon Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS, coalition gouvernementale).

«Ce projet permettra d'édifier un État démocratique moderne», a ajouté M. Benabdallahe.

Les islamistes représentés au Parlement ont noté des progrès. «Comparé à l'actuelle constitution, ce projet est une avancée importante», a déclaré samedi à l'AFP Saad Eddine Othmani, député et l'un des dirigeants du parti islamiste Justice et développement (PJD), de l'opposition parlementaire.

Le Mouvement des jeunes reproche au projet de ne pas aller assez loin, notamment dans le domaine de la séparation des pouvoirs.

Le souverain, conserve toutes ses prérogatoves de Chef de l'état et de Commandeur des croyants. Il préside le conseil des ministres et le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire. Il reste le chef de l'armée et préside un «Conseil supérieur de sécurité», nouvellement créé. Il reste également l'autorité ultime en matière religieuse.